François Bayrou dévoile un plan pour économiser 44 milliards d’euros et relancer la production

Devant les membres de son gouvernement, le Premier ministre français, François Bayrou, a présenté, le 15 juillet, un plan visant à redresser les finances publiques et à relancer l’économie. Il prévoit près de 44 milliards d’euros d’économies d’ici 2029, sans toucher aux salaires des fonctionnaires ni aux pensions, en appelant à un effort collectif.
Face à un endettement qu’il qualifie de « malédiction sans issue », François Bayrou a détaillé, le 15 juillet, son plan de redressement budgétaire devant les membres de son gouvernement. Il s’agit d’un « plan cohérent en deux temps » : stopper l’aggravation de la dette, d’un côté, et relancer la production nationale, de l’autre.
Le chef du gouvernement français rappelle que la dette publique atteint désormais plus de 3 300 milliards d’euros, soit 114 % du PIB, et que les dépenses publiques représentent 57 % de la richesse nationale pour seulement 50 % de recettes. « Chaque seconde, la dette augmente de 5 000 euros », alerte-t-il.
Deux piliers : réduction de la dette et relance productive
François Bayrou a d’abord présenté un plan pluriannuel de retour à l’équilibre budgétaire sur quatre ans, de 2026 à 2029. L’objectif est de faire passer le déficit public de 5,4 % du PIB en 2025 à 2,8 % en 2029. Le Premier ministre en appelle à un effort partagé, sans baisse des salaires dans la fonction publique ni des retraites. L’État montrera l’exemple, affirme-t-il, en gelant ses dépenses en 2026 (hors armées et intérêts de la dette).
Parmi les mesures annoncées :
- Non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite ;
- Suppression de 1 000 à 1 500 postes dans les agences publiques jugées improductives ;
- Création d’une société foncière pour valoriser le patrimoine de l’État.
Un effort particulier portera sur la dépense de santé, que le Premier ministre souhaite contenir à 5 milliards d’euros au lieu des 10 prévus en 2026. Il annonce une réforme du remboursement des affections de longue durée (ALD) et un encadrement des arrêts maladie prolongés.
L’année 2026 sera une « année blanche » : aucune revalorisation des prestations sociales, des barèmes fiscaux ou des pensions, afin d’économiser 7 milliards d’euros.
Lutte contre la fraude et solidarité fiscale
Le Premier ministre a également promis un renforcement de la lutte contre la fraude fiscale, sociale et aux aides publiques, avec un projet de loi prévu à l’automne. En 2023, 15 milliards d’euros de fraude ont été détectés, mais seuls 11 milliards recouvrés.
Bayrou souhaite un effort fiscal accru de la part des ménages les plus aisés et des grandes entreprises, en s’attaquant aux niches fiscales. Il promet un forfait annuel pour protéger les petites et moyennes retraites.
Produire plus pour importer moins
La deuxième partie du plan vise à combler ce que le Premier ministre appelle un « déficit productif ». Pour y remédier, il propose :
- La suppression de deux jours fériés : le lundi de Pâques et le 8 mai ;
- Une renégociation de l’assurance chômage et du droit du travail ;
- La simplification administrative et la réduction des subventions jugées inefficaces.
Il appelle aussi à :
- Réduire les prix de l’énergie, via des contrats long terme avec EDF ;
- Injecter 900 millions d’euros en fonds propres pour les PME ;
- Lutter contre les retards de paiement, avec des amendes pouvant atteindre 1 % du chiffre d’affaires.
Une taxe sur les petits colis est envisagée pour soutenir les commerces de proximité face à la vente en ligne.
Cap sur l’innovation
Bayrou veut faire de l’innovation un levier central. Les financements de France 2030 seront réorientés vers l’intelligence artificielle et la cybersécurité, avec un objectif de 20 % de gain de productivité.
Il prévoit aussi de former 100 000 ingénieurs et techniciens par an d’ici 2035, avec un accent mis sur les femmes via le plan « filles et mathématiques ».
« Un préambule », pas une fin
François Bayrou qualifie son plan de « préambule » et appelle à une concertation avec les élus, syndicats et citoyens.
Il reconnaît les risques politiques dans un contexte de majorité relative, mais affirme la détermination de son gouvernement face aux défis budgétaires et économiques du pays.