Canular au Louvre : deux TikTokeurs belges accrochent leur tableau avec un cadre en Lego

Deux TikTokeurs sont parvenus à accrocher leur tableau dans la salle de la Joconde au Louvre, sans être inquiétés. Grâce à un cadre en Lego, ils ont trompé les contrôles et installé leur œuvre en toute discrétion. L’action relance les critiques sur les failles de sécurité d’un musée déjà secoué par un braquage spectaculaire un mois plus tôt.

Le 14 novembre 2025, deux instagrameurs belges, Neal Remmerie et Senne Haverbeke, ont réussi à contourner la sécurité du musée du Louvre pour y exposer clandestinement leur propre tableau, dans la même salle que la célèbre Joconde. L’opération, documentée sur les réseaux sociaux, a rapidement attiré l’attention des visiteurs… et des médias.

Habitués des canulars sur TikTok, les deux jeunes hommes avaient soigneusement préparé leur plan. Pour passer les contrôles de sécurité, ils ont utilisé un cadre démontable en pièces de Lego et ont roulé leur toile afin de la dissimuler dans un sac de shopping. Une fois à l’intérieur, à une heure de la fermeture, ils ont discrètement assemblé le cadre, inséré leur portrait, puis tenté de le fixer à proximité de la Joconde.

Mais l’affluence et la surveillance constante autour du chef-d’œuvre de Léonard de Vinci les ont contraints à un léger ajustement : l’œuvre a finalement été accrochée à quelques mètres, dans la même salle, au milieu des peintures vénitiennes. « Nous avons fabriqué un cadre que l’on peut assembler avec des Lego. Pour passer le scanner de sécurité, il doit être démonté en plusieurs morceaux », expliquent-ils dans une vidéo diffusée sur TikTok et Instagram.

Leur tableau est resté accroché un certain temps sans que le personnel du musée ne le remarque. De nombreux visiteurs ont même eu le temps de le photographier, pensant sans doute qu’il s’agissait d’une œuvre temporaire.

Un musée fragilisé malgré un contexte sécuritaire tendu

Cet incident intervient moins d’un mois après le braquage spectaculaire survenu au Louvre le 19 octobre, lors duquel quatre individus déguisés en ouvriers ont réussi à dérober neuf bijoux historiques de la galerie Apollon, pour une valeur estimée à 88 millions d’euros. Bien que plusieurs suspects aient été arrêtés, certaines pièces précieuses demeurent introuvables.

Dans ce contexte tendu, l’opération des deux influenceurs résonne comme un signal d’alarme supplémentaire. Le 6 novembre, la Cour des comptes publiait un rapport accablant dénonçant « le retard pris » par la direction du Louvre dans la modernisation de ses dispositifs de sécurité. Les investissements ont trop souvent été orientés vers des projets de visibilité, au détriment de la sûreté.

Même après le vol de grande ampleur, les failles restent béantes. La préfecture de police de Paris a d’ailleurs reconnu l’existence de « problèmes sérieux » dans l’organisation interne de la sécurité du musée. La performance de Neal et Senne, aussi légère soit-elle en apparence, révèle à quel point le système reste vulnérable – y compris face à de simples TikTokeurs munis de Lego.

Des fauteurs de trouble expérimentés

Loin d’en être à leur coup d’essai, Neal et Senne multiplient depuis plusieurs mois les opérations spectaculaires. En Belgique, ils avaient déjà réussi à installer une œuvre dans le musée des Beaux-Arts de Gand. Mais leur fait d’armes le plus notable reste leur infiltration lors de la finale de la Ligue des champions, en juin 2025.

À cette occasion, ils s’étaient cachés 27 heures dans les toilettes de l’Allianz Arena de Munich, après être entrés déguisés en agents de sécurité. Le jour du match, ils avaient placé de fausses pancartes « WC hors service » pour ne pas être découverts, avant de se fondre dans la foule de 86 600 spectateurs. Un plan qui leur a permis d’assister gratuitement à la victoire du PSG (5-0) contre l’Inter Milan.

Avec leur action au Louvre, les deux adolescents confirment leur maîtrise des intrusions audacieuses. Et si la manœuvre peut faire sourire, elle interroge aussi sérieusement sur l’état réel de la sécurité dans les institutions culturelles françaises, incapables de réagir face à ce type de provocation.