Karine Bechet, docteur en droit public (France), présidente de l'association Comitas Gentium France-Russie, animatrice du site Russie Politics.

Abattage massif et Mercosur : les deux faces d’une même arme, dirigée contre la France et les Français

Abattage massif et Mercosur : les deux faces d’une même arme, dirigée contre la France et les Français Source: Gettyimages.ru
Des agriculteurs bloquant un axe routier en Saône-et-Loire. [Photo d'illustration]
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Alors que la colère agricole embrase la France en ce mois de décembre, une série de décisions brutales frappe le monde paysan : abattages massifs de troupeaux, accord du Mercosur promis au rejet mais voué à être ratifié. Karine Bechet analyse cette offensive contre la France rurale et ses fondements civilisationnels.

Décembre est marqué en France par la colère des agriculteurs. Coup sur coup, ils se font tirer dans le dos, une fois par l’abattage massif des troupeaux au motif d’une éradication de la dermatose nodulaire contagieuse, puis par l’accord du Mercosur, qui selon les autorités françaises ne doit pas être ratifié, mais qui le sera quand même, simplement un peu plus tard.

Ce sont des coups de poignard dans le dos de nos agriculteurs. Des coups de poignard dans le cœur de la France.

Le 11 décembre, 200 vaches sont abattues dans l’Ariège. Il suffit d’un cas dans un troupeau pour que tout le troupeau soit abattu. Pas de vache, pas de danger. Le ministère de l’Agriculture parle d’au moins 113 foyers en France.

Le sang va couler. Celui des vaches. Celui des agriculteurs. Celui de la France.

Un troupeau de 260 bovins doit également être abattu en Normandie. Et ce n’est que le début.

À quand le masque bovin ?

Et la stratégie du ministère est bien connue. De l’Agriculture à la Santé, il n’y a qu’un pas : limitation des mouvements des bovins (bientôt les QR codes et les distances de sécurité, eux aussi devront prendre le café assis et non pas debout et pas de visites aux grands-parents) ; dépeuplement total des élevages infectés (autrement dit, tirs à bout portant de tout animal, sain ou infecté, par mesure de précaution – on a eu de la chance, finalement...) ; et vaccination massive des troupeaux – de toute la « zone » touchée ( il n’y a pas de traitement reconnu, que la vaccination - sans commentaire...). Précisons, que même les troupeaux vaccinés sont abattus en totalité, lorsqu’un animal est malade.

À quand le masque bovin ?

Il est vrai que, quand une stratégie fonctionne, il faut la répéter. Et celle-ci a fait ses preuves. La peur et la soumission ont alors été obtenues.

Mais les agriculteurs, profession dont le taux de suicide est déjà le plus élevé en France, se relèvent et ne veulent pas se faire « totalement dépeupler ». Des manifestations et des blocages sont organisés dans toute la France.

Les agriculteurs sont gazés, ceux qui refusent la soumission sont contraints par la force. À tel point que des gendarmes ont la nausée : « On est dégoûté ! » Sept gendarmes posent leurs casques à terre et refusent d’obéir face aux agriculteurs, condamnés à tout perdre. Des mesures seront adoptées contre eux. Des vétérinaires refusent d’appliquer ces mesures, qui en rappellent d’autres, il n’y a pas si longtemps de cela.

Un colonel de gendarmerie démissionnaire met en avant la dimension civilisationnelle de cette crise : « Aujourd'hui, il y a deux France qui s'opposent celle du terroir, celle de la terre, celle du bon sens, celle des valeurs paysannes, celle des gens qui travaillent, celle des gens qui produisent, et une France technocratique, administrative, une France souvent parisienne. »

La France rurale sacrifiée

Tel est bien l’enjeu : la destruction de la France traditionnelle, de ce qu’il en reste malgré les attaques de toute part. Pour se protéger, les élites dirigeantes atlantistes en France et les médias à leurs bottes vont jusqu’à parler d’ « influenceurs étrangers » et de traiter les agriculteurs de « casseurs ».

La France est historiquement un pays agricole. Ses vallons, ses champs, les vaches dans les prés ont fait le charme du paysage français. La douceur de la France. Lorsque c’était la France.

Sans entrer dans les considérations sanitaires, l’ingénierie sociale refait largement surface. Des mesures violentes, provoquant un choc, devant insinuer la panique, ce qui permet de sortir du rationnel pour tenter de parer à l’immédiat. Et l’immédiat pour les éleveurs, c’est de tenter de survivre. Survivre face aux grandes compagnies, qui rachètent et refondent l’agriculture française. Survivre face aux banquiers, auxquels il faudra payer les échéances. Survivre au quotidien, quand les factures augmentent et les revenus baissent.

Le taux de suicide des agriculteurs est passé à 1,5 tous les deux jours. Ils sont réellement en situation de survie.

Cette attaque massive intervient dans le cadre de l’agenda globaliste. Ne mangez plus de viande, c’est mauvais pour la santé. Importez de la viande, c’est plus rentable. L’abattage massif et le Mercosur sont les deux faces d’une même arme, dirigée contre la France et les Français.

Sans ses agriculteurs, notre pays perd ses racines, perd son visage, perd le lien ancestral à la terre.

Et cela pendant que les grands syndicats agricoles français jouent un double jeu et soutiennent en fait le gouvernement, ne voyant aucun lien entre le malaise des agriculteurs et le système global européen mis en place, qui les contraint et les étouffe de plus en plus.

Mercosur : les agriculteurs maintenus en état de choc

Pour calmer le jeu, Sébastien Lecornu propose une rencontre aux syndicats début janvier. Le gouvernement français annonce en parallèle que l’accord Mercosur est reporté, pendant que l’Allemagne annonce qu’il va être bientôt signé.

Et pendant ce temps, le gouvernement appelle à l’accélération de l’abattage et de la vaccination massive, mobilisant pour cela les vétérinaires des Armées.

Il faut maintenir les agriculteurs en état de choc. Manifestement, le travail doit être conduit à son but.

Mais quel est ce but ? Au-delà de la dimension sanitaire, qui reste manifestement largement en débat au sein de la profession des vétérinaires, ces accumulations de chocs ressemblent à s’y méprendre à la volonté d’un changement civilisationnel.

« Nous sommes ce que nous mangeons », disait Hippocrate. Modifier le régime alimentaire d’un peuple, c’est le changer en profondeur. Cela modifie l’homme dans son être, dans sa capacité de résistance – physique et mentale. Cela modifie donc la société et pour cela, il suffit de travailler une minorité importante de la population. Les codes sociaux sont affectés. Ce qui entraîne également une modification des circuits économiques, donc des rapports de pouvoir. Finalement on en arrive à une modification des lignes politiques.

Défendons nos agriculteurs, nos éleveurs. Ils sont la France.

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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