Vote de confiance de Bayrou le 8 septembre : chant du cygne ou diversion politique ?

Vote de confiance de Bayrou le 8 septembre : chant du cygne ou diversion politique ? Source: AP
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Dans sa conférence de presse du 25 août, Bayrou, entre autres grandes tirades visant à faire peur aux habitants de l’Hexagone, a annoncé qu’il «engagerait la responsabilité de son gouvernement» avec un vote de confiance. Mais quel que soit le résultat du vote, le Premier ministre sera «gagnant», estime le chroniqueur Jimmy Lisnard-Panetier.

Le locataire de Matignon est dans la tourmente depuis juillet dernier, lorsqu’il avait annoncé vouloir supprimer deux jours fériés dans le cadre du budget 2026. Depuis, il a multiplié les tentatives (désespérées) pour convaincre les Français que son plan pour économiser près de 44 milliards était viable.

Chaîne YouTube, courrier aux syndicats et métaphores rocambolesques de la part des autres ministres — comme celui de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, qui avait dit, lors d’une interview, que : « Chaque Français doit l’équivalent d’une Citroën DS7 neuve » — rien n’a su calmer la colère grandissante des citoyens, bien au contraire. Entre moqueries et exaspération, les « Gaulois » ont commencé à s’organiser pour manifester leur ras-le-bol, notamment autour d’un mouvement populaire national prévu le 10 septembre 2025 et sobrement intitulé « Bloquons tout ».

Reculer pour mieux… plonger ?

Malgré le fait que le maire de Pau n’ait pas pris de vacances cet été et qu’il n’ait pas vu la mer, il a dû se débattre sans relâche pour garder la tête hors de l’eau face aux vagues de critiques incessantes. Force est de constater qu’il a bu la tasse plusieurs fois et qu’il est maintenant épuisé et prêt à couler à pic. Mais dans un ultime soubresaut de volonté, il semblerait que le Béarnais souhaite partir « dignement » et rejoindre les abysses en douceur, plutôt que d’y être happé avec violence par une lame de fond populaire nommée « motion de censure ». C’est donc dans ce but qu’il a annoncé, le 25 août 2025, vouloir convoquer l’Assemblée en session extraordinaire le 8 septembre prochain pour effectuer un « vote de confiance ».

Concrètement, cela signifie que Bayrou, après un discours de politique générale, va soumettre la crédibilité de ce dernier à l’avis de tous les députés, qui devront signifier par vote s’ils ont été convaincus ou non.

Vu la situation actuelle au sein de l’hémicycle, où le Premier ministre n’a que peu d’alliés, cela peut paraître « très osé ». Mais quel que soit le résultat du vote, le Premier ministre sera « gagnant ». En effet, s'il obtient la confiance de ses pairs (ce qui semble très mal engagé), il restera en place et pourra continuer à exercer (et toucher son généreux salaire) malgré la tourmente sociale actuelle.

Et si le vote n’est pas en sa faveur, il s’en remettra alors à la décision du Président de la République, qui n’aura sûrement pas d’autre choix que de dissoudre l’Assemblée pour la deuxième fois de son mandat. Et il échappera ainsi à une motion de censure, ce qui ne fera « pas tache » dans son CV, déjà bien chargé à ce niveau-là (pour ne citer que l’affaire récente sur Bétharram ou celle des emplois fictifs en 2017, qui l’avait poussé à renoncer à son poste de garde des Sceaux dans le gouvernement Macron).

« De la poudre de perlimpinpin »

Cependant, si on analyse plus en profondeur la situation, sans être parasité par tout le tapage médiatique que cette annonce provoque, on peut se demander si cette manœuvre n’est pas un tour de passe-passe de plus de la part d’Emmanuel Macron. Car malgré ce que certains pensent, le « Mozart de la finance » est loin d’être stupide (même si, je dois le reconnaître, cela peut être difficile à admettre), et il n’en est pas à son coup d’essai.

Si l’on reprend l’exemple de sa décision de dissoudre l’Assemblée en juin 2024, suite à l’humiliation de sa candidate Valérie Hayer aux élections européennes, et des résultats des élections législatives qui en ont découlé de cette dissolution, Macron en est ressorti gagnant.

Plusieurs médias avaient qualifié sa décision de « coup de poker » alors que le président de la République jouait plutôt aux échecs, même si l’on peut légitimement penser qu’il avait plusieurs atouts dans sa manche et que, quoi qu’il se passât, il faisait échec et mat à ses adversaires. C’est (hélas) exactement ce qu’il s’est passé et c’est encore ce qui va arriver avec ce vote de confiance, qui semble être « l’arbre qui cache la forêt ».

Encore une fois, si Bayrou obtient le vote de confiance, cela pourrait apaiser les oppositions, et ainsi désamorcer le mouvement du 10 septembre, qui résonne déjà comme un « Gilets jaunes bis » pour le gouvernement.

Mais à l’inverse, dans le cas probable où il n’arrive pas à convaincre et que Macron soit « poussé » à dissoudre l’Assemblée, cela plongera le pays dans une instabilité politique et financière inédite. La France pourrait, par exemple, être mise sous tutelle par l’Union européenne ou bien sombrer dans une « guerre civile » (en extrapolant au maximum).

Le Président de la République n’aura plus alors qu’à accuser ouvertement les « opposants » à son gouvernement d’avoir créé cette situation sans précédent et pourra alors se positionner en tant que « sauveur » du pays.

Certains craignent qu’il puisse, en ce cas, instaurer un état d’urgence pour légiférer plus librement, ou jouer avec l’article 16 de la Constitution pour s’octroyer les pleins pouvoirs et prolonger ainsi son mandat « virtuellement » (cela ne vous fait pas penser à Zelensky ?).

Il serait bon de rappeler que « Jupiter » a placé Richard Ferrand à la tête du Conseil constitutionnel. Ce même Richard Ferrand qui avait déclaré « regretter qu’Emmanuel Macron ne puisse pas faire de troisième mandat » et qui, à son poste actuel, peut (par un heureux hasard), modifier la Constitution et supprimer cette limite de deux mandats présidentiels.

Un écran de fumée ?

Ce vote de confiance n’est donc pas seulement l’ultime pari d’un Premier ministre fragilisé, mais peut-être aussi une diversion orchestrée par l’Élysée. Car derrière cette mise en scène parlementaire, l’exécutif cherche avant tout à garder l’initiative, dans un pays fracturé où la colère sociale menace de resurgir.

Comme le dit le proverbe : « Quand le sage montre la Lune, l’idiot regarde le doigt ». Reste à savoir si les Français regarderont le doigt de Bayrou… ou la main de Macron qui le guide.

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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