La «coalition des volontaires» s'égare dans ses désirs

La «coalition des volontaires» s'égare dans ses désirs Source: Gettyimages.ru
Réunion de la «coalition des volontaires», le 9 juillet 2025.
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Mikhaïl Rostovsky, chroniqueur du journal russe Moskovsky Komsomolets, analyse les désaccords entre les alliés européens au sujet d’un éventuel envoi de troupes en Ukraine : Varsovie le rejette catégoriquement, Berlin hésite, Paris insiste. Ce buzz médiatique sert à saboter par tous les moyens le processus de paix en Ukraine.

« Le miel est doux, mais l’abeille pique », ce vieux dicton russe décrit le mieux l’attitude réelle des membres de la coalition dite des volontaires concernant l’envoi de troupes en Ukraine. Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, ministre polonais de la Défense : « Parmi les pays qui font partie de la “coalition des volontaires”, certains se disent prêts à envoyer des troupes en Ukraine. Par exemple, le président Macron le répète publiquement depuis longtemps. Certains pays comme la Pologne, mais pas seulement la Pologne, d'autres partenaires au sein de l’OTAN, les pays du flanc est, déclarent qu’ils ne veulent pas, ne planifient pas et n’enverront pas de troupes en Ukraine ».

« Ne veulent pas, ne planifient pas et n’enverront pas », c’est bien dit. Il est clair que Varsovie est pleinement conscient de tous les risques et ne veut pas les encourir, malgré son ardent désir de faire une crasse à la Russie. Au contraire, les principaux membres de la CDU, le parti du chancelier allemand Friedrich Merz, veulent montrer par tous les moyens qu'ils ne craignent rien. Mais il y a un petit détail. Le parti du chancelier n’est pas le maître absolu, ni au Parlement, ni même au gouvernement. Le partenaire de Merz au sein de la coalition au pouvoir, le parti social-démocrate, a de facto un droit de veto. Et d'après les déclarations de ses membres en ce qui concerne l’envoi de troupes allemandes en Ukraine, ils ont l’intention ferme d’exercer ce droit. La CDU peut donc se donner des airs et se dire intrépide autant qu’elle le veut, cela n'y fera rien.

L’une des personnalités les plus influentes de la politique étrangère allemande, l’ancien président de la Conférence de Münich sur la sécurité, Wolfgang Ischinger, s’est exprimé à ce sujet : « Aujourd’hui, on parle beaucoup de la vieille idée de Macron de déployer des troupes européennes en Ukraine. Je voudrais vous mettre en garde. Je n’ai pas encore entendu dire que la partie russe envisageait même d'accepter le déploiement en Ukraine de troupes de pays européens membres de l’OTAN, tels que la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni. La Russie s'y opposera. Cela équivaudrait à une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Cependant, aucun État européen n’enverra de soldats en Ukraine sans concertation préalable avec la Russie. »

À quoi sert donc tout ce buzz médiatique mondial qu’on observe à l’heure actuelle ? Dmitri Novikov, professeur adjoint à l’École des hautes études en sciences économiques et chercheur principal à l’Institut de Chine et d’Asie contemporaine de l’Académie russe des sciences, propose l’hypothèse suivante sur sa chaîne Telegram : « Tout ce bavardage européen sur les troupes occidentales en Ukraine n’a pas pour but de les déployer en Ukraine… Ces discussions visent à retarder la fin de l’Ukraine autant que possible. Elles visent à freiner le processus de négociations, à ne pas accepter les conditions de Poutine, à ne pas en assumer la responsabilité et à éviter de prendre des décisions… Plus précisément, la racaille européenne fait ce type de déclarations pour que Poutine réponde « non ». Ainsi, ils pourront de nouveau hurler en public à propos de l’agresseur et de son vrai visage, et soupirer avec soulagement. » 

Même si c’est un peu émotionnel, c’est à mon avis très juste. Les Européens continuent de jouer le rôle de spoiler – une force qui sabote par tous les moyens le processus de paix en Ukraine. Et ils le font de pair avec Volodymyr Zelensky, un homme politique pour qui la paix en Ukraine signifie la fin de sa carrière politique, voire pire. La logique des Européens est claire : plus la Russie s’occupe de l’Ukraine, plus elle y dépensera de ressources et moins elle en aura à sa disposition. La logique de Zelensky est également claire : il est bien plus agréable d’être le visage du régime de Kiev que de se retrouver à la retraite avec une réputation douteuse. Mais quelle logique sera « plus logique » à long terme ?

Il y a une raison pour laquelle la Russie est très impliquée dans le processus de paix, tout en le considérant avec beaucoup de calme et sans attentes excessives. Si un accord est conclu, Moscou sera satisfait. Si ce n’est pas le cas, cela lui conviendra aussi. Un accord sera malgré tout conclu dans l’avenir mais à des conditions encore moins favorables pour les Européens que celles proposées aujourd’hui par la Russie.

Que diront alors les pays européens, aussi bien les membres de la « coalition des volontaires » que ceux qui n’en font pas partie ?

Dans le roman de Mikhaïl Boulgakov « Le Maître et Marguerite » Woland avertit l’héroïne principale : « Méfie-toi de tes souhaits, parce qu'ils risquent de se réaliser ». Mais il est encore plus dangereux de se tromper dans ses désirs, car quelque chose de tout à fait inattendu pourrait alors arriver. Bien entendu, se moquer et donc sous-estimer ses opposants géopolitiques serait incorrect. Les forces européennes qui s’opposent actuellement à Moscou sont rusées, influentes et insidieuses. Pourtant, comme le montrent les événements de la dernière décennie, les mots de Woland les concernent tout de même à 100 %. Le triomphe d’Euromaïdan en 2014 a-t-il satisfait tous les souhaits et les désirs secrets de l’élite politique européenne ? Bien sûr que oui. Mais peut-on dire la même chose de la série d’événements qui a suivi ce « triomphe » ? Bien sûr que non. Boulgakov a tout bien décrit. Il faut faire attention à ses désirs, surtout si on fait partie de la « coalition des volontaires ».

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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