46 mutations : l'IHU de Raoult donne des détails sur le nouveau variant du Covid découvert en France
Les chercheurs de l'institut marseillais ont apporté des précisions sur le variant qu'ils ont découvert début décembre dans le sud de la France. S'il présente un nombre élevé de mutations, sa plus grande dangerosité n'est pas établie.
Après l'annonce de sa découverte, le 9 décembre, d'un nouveau variant du coronavirus («B.1.640.2», baptisé «variant IHU»), l'équipe de l'institut hospitalo-universitaire de Marseille a apporté des précisions dans une étude prépubliée le 29 décembre, qui doit encore faire l'objet d'une révision par les pairs. La nouvelle souche avait été détectée chez 12 patients vivant dans la même zone dans le sud-est de la France, et le premier patient connu était un adulte vacciné, rentré en France après un voyage au Cameroun. «Il avait développé de légers symptômes respiratoires le jour précédant le diagnostic», précise l'étude.
Après analyse génomique, les chercheurs de l'IHU ont identifié 46 mutations sur ce variant, ainsi que 37 délétions entraînant 30 substitutions d'acides aminés. Les auteurs – dont Didier Raoult – constatent que ces données reflètent «l'imprévisibilité de l'émergence des variants du SRAS-CoV-2, et de leur introduction dans une zone géographique donnée à partir de l'étranger». Au moment où le variant Omicron – détecté en Afrique du Sud – entraîne une vague considérable de contaminations dans le monde, l'origine camerounaise du «variant IHU» pourrait inquiéter, notamment sur sa capacité à échapper à la protection apportée par les vaccins. Néanmoins, les chercheurs soulignent «qu'il est trop tôt» pour spéculer sur les caractéristiques «virologiques, épidémiologiques ou cliniques» de ce variant sur la base des 12 cas étudiés.
«Pas lieu de s'inquiéter outre mesure», tempèrent des scientifiques
L'alerte de l'IHU de Marseille, sur laquelle l'OMS ne s'est pas prononcée pour l'heure, a suscité un vif débat entre scientifiques, certains appelant à la prudence concernant les caractéristiques de ce nouveau variant. Parmi eux, l'épidémiologiste américain Eric Feigl-Ding a consacré un long fil de discussion sur Twitter, rappelant que «des dizaines de nouveaux variants sont découverts en permanence, mais [que] cela ne signifie pas nécessairement qu'ils seront plus dangereux».
🔔NEW VARIANT—French scientists have “rung the bell” after discovering a cluster 12 cases of a variant of “atypical combination” with **46 mutations & 37 deletions** in southern France after index case returned from Cameroon🇨🇲—dubbed #B16402.🧵 #COVID19https://t.co/SHXCbnkQUrpic.twitter.com/UwdL2hSW5g
— Eric Feigl-Ding (@DrEricDing) January 3, 2022
Tom Peacock, virologue à l'Imperial College de Londres, a lui estimé que le variant B.1.640.2 avait suscité beaucoup de commentaires ces derniers jours, bien qu'il n'ait été séquencé que 20 fois à l'échelle mondiale. Selon lui, «il n'y a pas lieu de s'inquiéter outre mesure pour le moment».
Lots of chat about B.1.640.2 in the last few days - just a few points to keep in mind:
— Tom Peacock (@PeacockFlu) January 3, 2022
- B.1.640.2 actually predates Omicron
- in all that time there are exactly... 20 sequences (compared to the >120k Omis in less time)
Def not one worth worrying about too much at the mo...
Mis en cause pour plusieurs infractions à la déontologie dans sa promotion de l'hydroxychloroquine comme traitement contre le Covid-19, le professeur Didier Raoult a écopé d'un «blâme» le 3 décembre, sur décision de de l'Ordre des médecins de Nouvelle-Aquitaine. «Une décision de préservation de paix sociale qui témoigne du ridicule des accusations théâtrales de l’Ordre des médecins», s'était défendu son avocat Fabrice Di Vizio. A la retraite depuis fin août 2021 en tant que professeur d'université praticien hospitalier, il devrait quitter la direction de l'IHU au plus tard fin juin 2022. En présentant ses vœux sur Twitter le 1er janvier, il a déclaré : «Je ne recule devant rien ni personne.»