«Nouvelle ère» de la relation transatlantique : la page de la crise des sous-marins déjà tournée ?
En présence de la vice-présidente des Etats-Unis à Paris, Emmanuel Macron a constaté le «début d'une nouvelle ère» dans les relations franco-américaines. Le froid jeté sur celles-ci par la crise des sous-marins se serait donc déjà dissipé ?
«Nous sommes d'accord pour dire que nous sommes au début d'une nouvelle ère et que notre coopération est absolument cruciale», a déclaré, entre autres, Emmanuel Macron le 10 novembre, alors qu'il recevait la vice-présidente américaine Kamala Harris, à Paris. «Je pense, et nous partageons cette vision, que nous sommes au début d’une nouvelle ère riche en défis mais aussi en opportunités», a répondu cette dernière visiblement dans le même état d'esprit optimiste.
La haute responsable américaine est arrivée à Paris le 9 novembre pour cinq jours, afin d'assister aux cérémonies du 11 novembre, au Forum de Paris sur la paix – pour la première fois en quatre éditions – et à une conférence sur la Libye.
Cette visite survient dans un contexte de récentes tensions entre Paris et Washington, liées à l'annonce par ce dernier d'un partenariat stratégique avec l'Australie et le Royaume-Uni (Aukus) ayant torpillé un méga-contrat de sous-marins français. Or, Emmanuel Macron a récemment multiplié les signes de réchauffement avec l'administration Biden : le président français a loué «l'amorce d'un processus de confiance» entre les deux pays fin octobre, lors d'une rencontre avec son homologue américain Joe Biden en marge du G20 à Rome – une rencontre qu'une partie de l'opposition française a perçu comme une humiliation. Est en effet reproché au président de la République de n'avoir pas pris de mesures de rétorsion conséquentes contre Washington, après ce que Jean-Yves Le Drian lui-même avait qualifié de décision «brutale» de Joe Biden (et de «coup dans le dos» de l'Australie).
Avant Kamala Harris, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken puis le conseiller de la Maison Blanche pour la sécurité nationale Jake Sullivan s'étaient succédé à Paris pour apaiser l'indignation de la France.
En tout état de cause, deux mois après l'affaire Aukus, la visite de la vice-présidente américaine à Paris, et plus encore les nouvelles déclarations d'Emmanuel Macron, semblent témoigner d'un retour à la «normale» des relations transatlantiques. Les rapports entre Paris et Canberra ne paraissent pas connaître le même réchauffement, l'ambassadeur de France en Australie Jean-Pierre Thébault ayant notamment déclaré, début novembre : «Nous pouvons reconstruire quelque chose de substantiel, mais nous partons de très loin. Malheureusement.»