Lune de miel immuable ? Les Etats-Unis prêts à vendre 280 missiles air-air à l'Arabie saoudite
Le gouvernement américain a répondu favorablement à la demande saoudienne d'acquérir de nouveaux équipements militaires. Or, Joe Biden avait dit privilégier un règlement diplomatique de la guerre au Yémen, à laquelle participe Riyad.
280 missiles AIM-120C air-air de moyenne portée et leurs équipements, pour une valeur estimée à 650 millions de dollars : c'est l'importante commande formulée par l'Arabie saoudite, à laquelle le gouvernement américain a décidé de donner son feu vert. Selon un communiqué de la diplomatie américaine du 4 novembre cité par l'AFP, l'administration Biden a ainsi prévenu le Congrès qu'elle avait décidé d'accepter cette requête.
Il reste donc aux parlementaires américains à approuver ou non cette vente, rapporte notamment Reuters. L'agence souligne qu'il s'agirait de la première vente d'armes majeure des Etats-Unis à l'Arabie saoudite depuis l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche.
Refroidissement très relatif des relations Washington-Riyad
L'annonce peut surprendre, dans la mesure où les relations entre Washington et Riyad semblaient s'être refroidies depuis l'élection du démocrate. Celui-ci avait en effet promis, durant la campagne présidentielle, de faire «payer» les dirigeants saoudiens pour leur responsabilité présumée dans la mort du journaliste Jamal Khashoggi. De plus, lors de son premier discours de politique étrangère le 4 février dernier, le nouveau chef d'Etat avait annoncé mettre «fin à tout soutien américain aux opérations offensives dans la guerre au Yémen» – conflit auquel participe l'Arabie saoudite – «y compris aux ventes d'armes». «Nous renforçons nos efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre au Yémen, une guerre qui a créé une catastrophe humanitaire et stratégique», avait fait valoir le président américain. L'Arabie saoudite est à la tête d'une coalition appuyant les forces gouvernementales yéménites contre les rebelles houthis, dont de nombreuses frappes ont été épinglées par les ONG et l'ONU pour leurs victimes civiles.
Comment expliquer, alors, cette nouvelle vente d'armes américaines à l'Arabie saoudite ? Selon l'AFP, le département d'Etat a fait valoir que les missiles air-air protégeraient des vies américaines : «Nous avons assisté à une hausse des attaques transfrontalières contre l'Arabie saoudite au cours de l'année passée», a ainsi déclaré un porte-parole de la diplomatie américaine, avant d'ajouter : «Les missiles AIM-120C saoudiens ont joué un rôle clé dans l'interception des multiples attaques de drones qui ont mis les forces américaines en danger et menacé plus de 70 000 ressortissants américains dans le royaume.» Ce type de missiles, a affirmé la même source, «n'est pas utilisé contre des cibles au sol» et cette vente doit notamment permettre à l'Arabie saoudite «de se défendre contre les attaques aériennes des Houthis soutenus par l'Iran».
Reste que cette annonce de Washington a été accueillie froidement par un certain nombre de commentateurs. L'écrivain américaine Marianne Williamson, qui avait entamé une campagne pour l'investiture démocrate à la dernière présidentielle, s'est par exemple fendue d'un commentaire tranchant sur Twitter : «L'économie américaine ne devrait pas être fondée sur le commerce de la mort.»