La torture se pratique toujours à Guantanamo, selon un rapporteur des Nations unies
Un prisonnier, captif du centre de détention américain de Guantanamo sur l'île de Cuba, subit toujours des actes de torture, selon les observations du rapporteur spécial de l'ONU sur la torture Nils Melzer, publiées le 13 décembre.
Le président américain Barack Obama, a eu beau ordonner l’arrêt des «techniques avancées d’interrogatoire» via un ordre exécutoire en 2009, les mauvais traitements se poursuivent dans la tristement célèbre prison américaine de Guantanamo, à Cuba. Dans un texte rendu public le 13 décembre, le rapporteur spécial de l'Organisation des Nations unies (ONU) sur la torture, Nils Melzer, évoque en effet le cas du détenu Ammar Al-Baluchi, suspecté d’avoir comploté pour les attentats des tours jumelles du 11 septembre 2001, qui subit toujours «des tortures et des mauvais traitements», sans pour autant donner de détails.
Il rappelle que ce prisonnier a été cité à 153 reprises dans le «rapport sur la torture» de 2014 du Sénat américain, résultat de six ans d’enquête au sujet des techniques avancées d’interrogatoire utilisées par la CIA après les attentats du 11 septembre 2001.
Le document des Nations unies relate des faits de torture continuelle dans les sites secrets de la CIA, avant qu'Ammar Al-Baluchi ne soit transféré à Guantanamo où il a été placé à l’isolement dans une cellule à l’accès restreint durant plus de dix ans. «En plus des effets à long terme de la torture passée, des bruits et des vibrations continuent à être utilisés contre lui. Il en résulte des privations de sommeil constantes, entraînant des désordres mentaux et physiques pour lequel, selon ses dires, il ne reçoit aucune attention», explique l'expert.
Nils Melzer insiste sur le fait que l’interdiction de la torture et des mauvais traitements est l'une des normes les plus fondamentales du droit international et que ces pratiques ne peuvent être justifiées en aucun cas. Il prévient qu’il a renouvelé sa demande de longue date de pouvoir rendre visite aux détenus de Guantanamo mais que ni lui, ni ses prédécesseurs, n’en ont obtenu l'autorisation malgré leurs requêtes répétées.
Le rapporteur onusien affirme en outre que l’usage historique de la torture par la CIA n’a pas donné lieu à des poursuites ou des compensations pour les victimes. «En décidant de ne pas engager de procédures contre les crimes perpétrés durant les interrogatoires de la CIA, les Etats-Unis sont en claire violation de la convention contre la torture et envoient un dangereux message de complaisance et d’impunité aux officiels des Etats-Unis et autour du monde», déclare Nils Melzer.
Guantanamo : l'arlésienne de la fermeture
Le camp de détention militaire de Guantanamo, dans la fameuse base américaine cubaine, a accueilli des terroristes présumés le 11 janvier 2002. Tortures, détentions illégales ont dès le début entaché la notoriété de cet établissement.
Près de 800 prisonniers y ont été détenus depuis et, pour certains d'entre eux, torturés à l'aide de soi-disant «techniques avancées» d'interrogation utilisées pour obtenir des informations auprès de la population carcérale, dont l'écrasante majorité n'est jamais passée devant un juge.
La fermeture de ce centre de détention situé à Cuba était l'une des promesses électorales de Barack Obama alors qu'il briguait la Maison Blanche pour la première fois, en 2008. Ses nombreuses déclarations de fermeture sont restées lettre morte, rencontrant de très fortes oppositions. Néanmoins, durant ses deux mandats, le nombre des prisonniers a été réduit de 245 à 41, la plupart des détenus ayant été libérés ou transférés dans d’autres pays.
Son successeur, Donald Trump, se positionne à rebours des volontés de Barack Obama. Durant le débat des primaires du Parti républicain dans le New Hampshire, en 2016, il avait lancé : «La torture fonctionne... et si elle ne fonctionne pas, ils la méritent pour ce qu'ils nous ont fait.»
En janvier 2017, il avait estimé que personne ne devait plus être libéré de Guantanamo.
There should be no further releases from Gitmo. These are extremely dangerous people and should not be allowed back onto the battlefield.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 3 janvier 2017
En octobre 2017, après l'attentat au camion bélier ayant fait 8 morts à New York, perpétré par l'islamiste Sayfullo Saipov, il avait déclaré qu'il aurait «adoré envoyer le terroriste [...] à Guantanamo», mais que la procédure aurait pris trop de temps.
Would love to send the NYC terrorist to Guantanamo but statistically that process takes much longer than going through the Federal system...
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 2 novembre 2017
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