Le Pentagone s’apprête à publier 198 photos de détenus irakiens et afghans torturés
Sur ordre de la cour, le Département de la Défense va déclassifier quelques images attestant des abus commis dans les centres de détention américains, alors que Barack Obama avait promis de publier l’ensemble de celles-ci.
C’est Jameel Jaffer, directeur de l’organisation pour les libertés civiles ACLU’s Center for Democracy, qui a annoncé la décision du ministère américain. Le groupe avait requis, devant la justice, une dé-classification (selon la loi du Freedom of Information Act) demandant au gouvernement de révéler les documents, dont les photos de la torture des prisonniers dans les centres de détention américains en 2004.
Si le président Obama avait, avant son premier mandat en 2009, promis de révéler les documents confidentiels, il avait ensuite fait passer, au Congrès, une clause bloquant la publication de photos pour des raisons de sécurité. Il avait ajouté que la parution des images incriminées pourrait «enflammer l’opinion anti-américaine et mettre nos troupes en grand danger».
Après une longue bataille juridique, le juge Alvin Hellerstein a donc conclu que le gouvernement devait «publier toutes les photographies» auxquelles l’ACLU faisait référence.
Cependant, vendredi 29 janvier, seulement 198 sur les 2 100 images totales seront publiées. Le reste restera tenu secret après que le Secrétaire à la Défense américan, Ashton Carter ait fait appel de la décision. Dans un communiqué expliquant sa décision, il a estimé que la publication de «n’importe laquelle des photographies mettrait en danger les citoyens des Etats-Unis, les membres des forces armées des Etats-Unis, ou les employés du gouvernement des Etats-Unis déployés à l’extérieur» du territoire.
Il a cependant accepté une concession mineure sur 198 clichés, sans pour autant expliquer la différence entre ceux-ci et les 1 900 autres.
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Les images, toujours classifiées, ont été prises par le Département de la Défense entre le 11 septembre 2001 et le 22 janvier 2009 et concernent le traitement d’«individus engagés, capturés ou détenus», rapportent les documents juridiques.
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— Wayne Harris (@wayneinec) 17 Janvier 2016
En 2004, un scandale avait éclaté avec la publication de photos montrant la torture, l’abus et l’humiliation de prisonniers dans la prison d’Abu Ghraib, en Irak, par des soldats américains. Celui-ci avait conduit à une dizaine d’incarcérations de soldats, notamment pour abus sexuels. Dans la foulée, la loi du Detainee Treatment Act avait été votée par le Sénat afin de limiter les «traitements inhumains, cruels et dégradants», que l’administration de George W. Bush était accusée d’avoir encouragés.