Au Liban-Sud, des perquisitions sous la pression du «Mécanisme» israélo-américain
© Getty ImagesL’armée libanaise a fouillé plusieurs maisons à Beit Yahoun et Beit Lif sans y trouver d’armes. Ces perquisitions, demandées par le «Mécanisme» israélo-américain, suscitent critiques et tensions locales. Elles interviennent malgré un cessez-le-feu régulièrement violé par Israël et une pression accrue pour désarmer le Hezbollah.
L’armée libanaise a mené des fouilles dans plusieurs habitations des villages de Beit Yahoun et Beit Lif, dans le caza de Bint Jbeil, sans y découvrir la moindre arme. Ces opérations ont été effectuées à la demande du comité de surveillance du cessez-le-feu, connu sous le nom de « Mécanisme », alors que la troupe achève la première phase du désarmement du Hezbollah au sud du fleuve Litani.
Une démarche inédite, largement perçue comme émanant d’Israël et des États-Unis, qui accentue la pression sur Beyrouth pour accélérer le désarmement du parti chiite.
Des perquisitions qui ne passent pas auprès des civils
À Beit Yahoun, les services de renseignement de l’armée ont contacté le propriétaire d’une maison, Ali Kamal Bazzi, expatrié rentré récemment du Venezuela. Invité à fournir les clés de son domicile, il s’est exécuté. La fouille, menée en présence du président du conseil municipal, Moustapha Makki, n’a révélé aucune présence d’armes. Le propriétaire avait d’ailleurs déjà démenti toute accusation, assurant qu’il ne séjournait que rarement au Liban et qu’il n’y possédait « pas même une seule cartouche ».
Si les autorités locales affirment coopérer avec l’armée, le vice-président de la municipalité, Ahmad Makki, a dénoncé une « mascarade », estimant que ces inspections servaient à réfuter des accusations israéliennes jugées infondées, tout en portant atteinte à la dignité des habitants.
« Nous nous tenons aux côtés de l’armée pour faire échouer toute tentative de discorde », a-t-il toutefois assuré au micro de L'Orient-Le Jour. À Beit Lif, quatre maisons ont également été perquisitionnées, avec le même résultat : aucune arme ni équipement militaire, selon le président de la municipalité, Ezzat Hammoud. « Personne ne s’oppose à ces actions », a-t-il ajouté.
Ces opérations interviennent dans un contexte sécuritaire toujours tendu. Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur en novembre 2024 après 13 mois d’affrontements entre Israël et le Hezbollah, l’armée israélienne multiplie les violations, selon les médias libanais. Ces derniers jours ont encore été marqués par des tirs, des survols de drones et des grenades assourdissantes dans plusieurs localités frontalières.
Israël justifie ces actions par la nécessité de prévenir un redéploiement du Hezbollah, tout en exigeant son désarmement total. De son côté, l’armée libanaise affirme avoir démantelé les infrastructures du groupe au sud du Litani et se préparer à une seconde phase, sous une pression internationale croissante incarnée par ce « Mécanisme » désormais plus intrusif.