Dans le Bureau ovale, Trump et MBS dévoilent une relation plus que jamais stratégique
© Getty ImagesTrump et MBS ont offert une démonstration inhabituelle de transparence, abordant les dossiers sensibles. La rencontre a mis en lumière un rapport de force rééquilibré, MBS obtenant visibilité et concessions symboliques. Riyad cherche désormais à ancrer sa relation avec Washington autour des technologies stratégiques.
La rencontre impromptue de quarante minutes entre Donald Trump et Mohammed ben Salmane, largement ouverte à la presse, a offert un rare moment de transparence diplomatique. Devant les caméras, les deux dirigeants ont été interrogés sur les sujets les plus sensibles : le meurtre de Djamal Khashoggi, les liens avec le 11-Septembre, l’Iran, les ventes d’armes ou encore les puces d’intelligence artificielle.
Trump a multiplié les mises en scène, criant au « fake news » face aux questions sur la CIA, défendant MBS avec emphase et revendiquant une proximité directe, débarrassée des canaux diplomatiques traditionnels. Le prince héritier, plus mesuré, a évoqué un « incident douloureux » à propos de Khashoggi et affirmé que Riyad avait revu ses procédures pour éviter toute répétition.
1000 milliards d'investissement aux Etats-Unis ?
Au-delà du spectacle, la scène a révélé le nouvel équilibre de la relation américano-saoudienne. Contrairement aux dirigeants occidentaux souvent contraints de flatter Donald Trump, c’est lui qui a multiplié les éloges envers son invité, soulignant un investissement annoncé de près de 1 000 milliards de dollars aux États-Unis, notamment dans l’IA et les terres rares.
Riyad, qui cherche à redéfinir son rôle stratégique tout en s’émancipant partiellement de Washington, a obtenu une visibilité exceptionnelle, illustrée par les échanges directs entre les deux hommes en marge des diplomates américains laissés à distance.
L’entretien a également exposé les divergences persistantes : Trump a vanté une frappe américaine contre l’Iran, provoquant une gêne palpable chez MBS, engagé dans une politique d’apaisement régional. Sur les F-35, Trump a promis des équipements « de pointe », ignorant les pressions pro-israéliennes, tandis que les Saoudiens insistent sur l’accès réel aux technologies sensibles.
Enfin, Riyad pousse désormais l’achat massif de puces d’IA, présentées non comme un geste politique mais comme une nécessité industrielle : « Nous allons dépenser environ 50 milliards de dollars pour répondre à nos besoins », a martelé MBS.
Cette séquence, à la fois théâtrale et stratégique, a montré un prince héritier à l’aise, conscient de son poids, et un Trump soucieux d’afficher une alliance forte, mais sur une base où l’influence saoudienne est plus visible que jamais.