Piégé par un canular téléphonique, le président polonais dit ne pas vouloir de guerre avec la Russie
Piégé au téléphone après la chute d'un missile sur son sol par le duo russe Volvan et Lexus, qui s'est fait passer pour Emmanuel Macron, le président polonais est resté maître de lui-même, assurant faire «très attention» pour éviter une guerre.
Le 15 novembre dernier, jour où un missile a explosé dans un village polonais près de la frontière avec l'Ukraine, faisant deux morts, le célèbre duo d'imitateurs russes Volvan et Lexus a joint par téléphone le président polonais Andrzej Duda, en se faisant passer pour le chef d'Etat français Emmanuel Macron.
Croyez-moi, je suis très prudent. Je n'accuse pas les Russes. Emmanuel, c'est la guerre. Je pense que les deux parties s'accuseront mutuellement dans cette guerre.
Si dans les heures qui ont suivi le tir de missile Andrzej Duda avait déclaré qu'il s'agissait d'une munition «de fabrication russe» – sans toutefois accuser Moscou –, l'enregistrement de la conversation, diffusé ce 22 novembre par le duo russe mais semble-t-il enregistré le soir même du tir, montre la grande prudence du président polonais. «Croyez-moi, je suis très prudent. Je n'accuse pas les Russes. Emmanuel, c'est la guerre. Je pense que les deux parties s'accuseront mutuellement dans cette guerre», peut-on ainsi l'entendre dire.
Le chef d'Etat polonais insiste, expliquant à son homologue français qu'une escalade entre l'OTAN et la Russie n'est dans l'intérêt ni de la Pologne ni de l'ensemble de l'alliance militaire dirigée par les Etats-Unis. «Emmanuel, vous pensez que j'ai besoin d'une guerre avec la Russie ? Non, je n'en veux pas. Je ne veux pas de guerre avec la Russie. Et je suis extrêmement prudent. Faites-moi confiance, je suis extrêmement prudent», conclut le dirigeant polonais.
Alors que de nombreux médias occidentaux et le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'étaient empressés d'imputer l'incident à la Russie, Varsovie a finalement jugé «hautement probable» qu'il s'agisse d'un projectile anti-aérien ukrainien, évoquant «un accident malheureux», une hypothèse accréditée par l'OTAN et la Maison Blanche.
«Quelle que soit la conclusion de l'enquête, nous savons déjà la partie qui porte la responsabilité ultime de cet incident tragique : la Russie», avait néanmoins déclaré le 17 novembre depuis Bangkok le secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken avant un sommet de dirigeants de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec).
Le bureau du président polonais a admis ce 22 novembre sur Twitter qu'il avait été piégé par le duo d'imitateurs russes, affirmant avoir raccroché après avoir réalisé qu'il pouvait s'agir d'une «tentative de canular» au cours de l'appel en raison de la «manière inhabituelle» dont la personne menait la conversation.