Bruno Retailleau en quête de transition après sa sortie ratée du gouvernement Lecornu
© Getty ImagesBruno Retailleau entame un tour de France pour reconquérir la base LR et réaffirmer son leadership fragilisé. Entre critiques internes et repositionnement idéologique, il prône une droite ferme, libérale et sécuritaire. Derrière cette tournée d’écoute, se profile déjà la présidentielle de 2027.
À Bry-sur-Marne, bastion conservateur du Val-de-Marne, Bruno Retailleau a lancé son « tour de France », une tournée politique censée marquer son grand retour après un an passé au ministère de l’Intérieur. Devant une salle acquise, le président de Les Républicains (LR) se veut à nouveau proche des Français et des militants, loin des ors de la République.
« J’ai envie de me reconnecter au pays », glisse-t-il, déterminé à retrouver le souffle d’un parti égaré entre divisions internes et perte d’influence. Ce retour sur le terrain, après la fin de son aventure gouvernementale dans le cabinet de Sébastien Lecornu, sonne comme une tentative de rebâtir une légitimité malmenée. Car, dans les rangs de LR, beaucoup n’ont pas compris son départ précipité, vécu comme un désaveu politique.
Objectif 2027
Devenu sénateur de Vendée, Bruno Retailleau retrouve une posture plus offensive. Il dénonce un gouvernement qu’il accuse de « social-étatisme » et un exécutif soumis à la gauche, fustigeant la domination d’Olivier Faure sur le premier ministre.
Son discours, musclé, vise à reconquérir une droite conservatrice et libérale à la fois : réduction du nombre de fonctionnaires, défense d’un État fort et recentré, rejet de « l’impossibilisme juridique » qui, selon lui, paralyse l’action sur la sécurité et l’immigration. Dans cette rhétorique, on retrouve les accents d’un François Fillon, dont il fut l’un des plus fidèles lieutenants.
Mais son autorité au sein du parti s’est effritée. Son passage au gouvernement, perçu par certains comme une compromission avec le macronisme, a ouvert la voie aux critiques internes. Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand et Jean-François Copé appellent à « clarifier la ligne » d’un parti en perte d’identité.
La gestion de la crise des « ministres dissidents » de LR, d’abord promis à l’exclusion, puis seulement suspendus, a accentué l’image d’un chef hésitant. Même Gérard Larcher l’a rappelé à la prudence, illustrant la fragilité d’une direction tiraillée entre fermeté et consensus.
Pour autant, Retailleau ne renonce pas à ses ambitions. Il refuse toute alliance avec le Rassemblement national, préférant parler directement aux électeurs « déçus mais fidèles à leurs valeurs ». Sa tournée, présentée comme un moment d’écoute, prend des allures de campagne déguisée.
Le Vendéen, qui assure ne pas « vouloir être président comme on veut un éclair au café », sait pourtant que son retour sur les routes ressemble à un préambule à 2027. Entre nostalgie de la droite gaulliste et promesse de renouveau, il tente de rallumer la flamme d’un parti en quête de chef et d’avenir.