Menace terroriste en France : un procureur alerte sur le «très fort rajeunissement» des mis en cause
© Maja Hitij Source: Gettyimages.ruAlors que la menace terroriste «reste vive» en France, selon le procureur national antiterroriste Olivier Christen, celui-ci a souligné ce 3 novembre le «très fort rajeunissement» des personnes impliquées. Depuis le début de l’année, a rappelé le magistrat, 17 mineurs ont été mis en examen pour des faits de terrorisme, après déjà 19 en 2024.
« Nous sommes à un stade où la menace est très présente », a déclaré ce 3 novembre le procureur national antiterroriste, Olivier Christen, au micro de France Inter. « Le nombre de procédures que nous ouvrons est à un niveau qui est parmi les plus élevés » de ces cinq dernières années, a-t-il poursuivi, alors que la France s’apprête à commémorer les dix ans des attentats perpétrés par des commandos islamistes le 13 novembre 2015 à Paris, faisant 130 morts et plusieurs centaines de blessés.
Le magistrat parisien a souligné le « phénomène assez nouveau » qu’est le rajeunissement des personnes impliquées dans les affaires antiterroristes. Des individus « dont certains ont 12 ans, 13 ans », a précisé son intervieweur. Selon Olivier Christen, ce phénomène aurait « émergé en 2023 » et « n’est pas franco-français : on observe exactement la même chose dans les différents pays européens ».
Le procureur antiterroriste a dédié « une parenthèse » à la « potentielle attaque terroriste » que le FBI avait annoncée le 31 octobre avoir déjouée dans le Michigan et dans laquelle des individus âgés de 16 à 20 ans ont été interpellés. Des suspects qui, selon Christen, correspondent « exactement au type de profils que nous avons en France ».
Revenant sur l’évolution de la menace terroriste en France, devenue « endogène » alors qu’elle était encore « exogène » dans les années 2010, le magistrat assure qu’il est « très difficile d’expliquer pourquoi » il y a eu ce « rajeunissement » des suspects.
130 mineurs interpellés par la DGSI en moins de deux ans
En cause, selon Olivier Christen, une propagande djihadiste qui « répond aux codes qui sont ceux qui intéressent les plus jeunes ». En l’occurrence, a-t-il détaillé, « du numérique, des formats très réduits, très peu approfondis » et « beaucoup d’accompagnements visuels ». Il a également pointé du doigt « des algorithmes » qui agiraient « comme un crochet » en conduisant « très, très vite » vers des contenus djihadistes ceux qui effectueraient des recherches de nature violente.
Depuis le début de l’année, a rappelé le magistrat, 17 mineurs ont été mis en examen pour des faits de terrorisme, après déjà 19 en 2024. En date du 1er octobre, 40 suspects étaient en examen pour des faits terroristes commis durant leur minorité dans 29 enquêtes différentes, rapportait récemment Le Parisien. « Il y a trois ans encore, de telles poursuites pour terrorisme à ces âges étaient rarissimes — deux seulement en 2022 », pouvait-on encore lire.
Depuis 2023, près de 70 % des individus impliqués dans des projets d’action violente djihadiste sur le sol national étaient âgés de moins de 21 ans, rapportait également le quotidien, qui cite une note de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
Entre 2023 et juin 2025, 130 mineurs en lien avec la mouvance djihadiste ont été interpellés par la DGSI, ajoutait cette même source, précisant qu’« il s’agit en majorité de profils présentant des failles multiples et cumulatives (sociales, familiales, éducatives) et dont la culture numérique façonne leur radicalisation au gré de leur construction identitaire ».