Narcotrafic : extradition du chef présumé du clan Yoda du Maroc vers la France

Félix Bingui, le chef présumé du clan Yoda, organisation du narcotrafic marseillais, a été transféré depuis le Maroc vers la France, sous haute surveillance, ce 21 janvier. Il avait été arrêté en mars 2024 au Maroc. Le clan Yoda est en guerre avec le gang rival DZ Mafia, pour le contrôle du narcotrafic à Marseille.

«Victoire contre le narcobanditisme». Dans un message posté sur X le 20 janvier, l’ancien ministre de l’Intérieur devenu garde des Sceaux Gérald Darmanin s’est félicité de l'extradition par le Maroc du narcotrafiquant Félix Bingui.

Surnommé «Le Chat», celui-ci est le chef présumé du clan «Yoda», un gang de narcotrafiquants qui sévit à Marseille. Cette extradition «dans les 48 heures» par voie aérienne, entre le 21 et 22 janvier, avait été révélée une heure plus tôt par le quotidien Le Parisien. Selon une source du quotidien, l'extradition a eu lieu ce 21 janvier.

Arrêté début mars 2024 à Casablanca, au Maroc, pays dont il a également la nationalité, Félix Bingui est notamment recherché par la justice française pour «importation de stupéfiants en bande organisée, transport, détention, acquisition et cession de stupéfiants, association de malfaiteurs» et «blanchiment d'argent, et non-justification de ressources».

Auprès d'une agence de presse française, son avocat, Me Philippe Ohayon, a souligné que Félix Bingui avait accepté d'être extradé lors d'une audience devant la Cour de cassation de Rabat en avril 2024.

Son arrestation est présentée comme le résultat d'une coopération entre les forces de l'ordre françaises et marocaines. «Le fait que Félix Bingui va être jugé dans un tribunal en France va permettre peut-être quand même au processus d’aller jusqu’au bout, à la justice de lui poser un certain nombre de questions», a estimé le grand reporter de Marianne et du JDD Frédéric Ploquin, spécialiste du narcotrafic.

Une réussite à mettre à l’actif des bonnes relations entre Rabat et Paris mais qui concerne une organisation en perte de vitesse à Marseille, supplantée par la «DZ Mafia» qui contrôle le trafic de drogue dans la cité phocéenne a souligné Le Parisien.

Cette organisation qui étend son emprise partout en France a vu son chef Mehdi Abdelatif Laribi fuir en Algérie. «Ce n’est pas demain [...] que la police, que la justice française, obtiendra son extradition» a souligné Frédéric Ploquin.

Le refroidissement des relations entre Paris et Alger depuis la reconnaissance de la marocanité du Sahara Occidental par Emmanuel Macron l'été dernier a entraîné une succession de décisions de part et d’autre de la Méditerranée dans ce qui est désormais appelé la crise franco-algérienne. Un contexte peu propice à un travail commun en matière judicaire, notamment concernant la lutte contre le trafic de drogue.