RT visé par l'UE : «Nous crachons sur vos sanctions», fait savoir Margarita Simonian
Deux ans après les premières sanctions européennes ayant visé les média russes RT et Sputnik, l'agence Bloomberg a constaté leur échec. En dépit de la censure de l'UE, RT en français a continué son travail d'information.
«Nous crachons sur vos sanctions», a répondu Margarita Simonian à l'agence Bloomberg, désireuse de connaître l'opinion de la rédactrice en chef de RT, près de deux ans après l'interdiction de diffusion de Bruxelles ayant visé les médias russes.
Dans une enquête à charge publiée le 23 novembre, le media américain a rapporté qu'une petite vingtaine de sites miroirs aidaient la Russie «à échapper aux sanctions qui bloquent RT.com», notamment swentr.site – RT News en miroir. «Les mesures de l’UE ne parviennent pas à arrêter les campagnes de désinformation du Kremlin», conclut l'article, sans apporter le moindre exemple de supposée désinformation.
La Commission européenne, de son côté, se défend, revendiquant dans l'article avoir instauré un système de censure efficace. Bloomberg relève toutefois que Margarita Simonian, visée personnellement par les sanctions de l'UE, a conservé un compte sur X (ex-Twitter) et que les médias russes sont partagés sur TikTok ou Facebook. «Le processus de sanctions de l’UE (...) évolue généralement lentement et a du mal à se concentrer sur une cible mouvante», estime ainsi l'enquête.
Censurés sans avoir violé la moindre règle de diffusion
Fin février 2022, dans la foulée du déclenchement de l’opération russe en Ukraine, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait annoncé que les médias publics RT et Sputnik «et leurs filiales» allaient être «interdits» de diffusion au sein de l’Union, afin d’«interdire leur désinformation toxique et nuisible en Europe». Quelques jours plus tard, le Conseil de l’Union européenne concrétisait cette suspension «d’urgence», accusant RT et Sputnik de faire la «propagande» des autorités russes.
Une première, dans la mesure où ces médias n’avaient pas violé la moindre règle de diffusion. Un ciblage à l’encontre des médias russes que les Européens n’ont d'ailleurs pas voulu limiter à leurs actuelles frontières. Adoptée en mai 2023 au Parlement européen, une résolution a condamné l'ouverture d'un bureau de RT en Serbie. Une voie que semble avoir empruntée la Moldavie, également pays candidat à l’intégration européenne, qui a suspendu depuis un an la diffusion de dizaines de médias russophones.
Fin janvier 2023, RT France était contraint à la fermeture à la suite du gel de ses comptes bancaires par les autorités françaises, lui-même conséquence du neuvième paquet de sanctions ayant visé la maison-mère de RT, Ano TV Novosti. Le média est toutefois devenu RT en français en mai 2023, ses activités ayant été rapatriées à Moscou.