«Soviétisation des esprits» : levée de boucliers en France après une étude sur la «sous-occupation» des logements

Une étude de l’INSEE, statuant sur une «sous-occupation très accentuée» de millions de logements en France, a provoqué de vives réactions au sein d’une partie de la classe politique française. Selon cet institut de statistiques rattaché à Bercy, un quart des ménages habiterait un logement comptant «trois pièces de plus» que leurs besoins.
« On en rirait, si cela ne révélait pas une dérive inquiétante. » Dans une tribune publiée le 10 juillet dans les colonnes du Figaro, le maire de Cannes – et président de l’Association des maires de France – David Lisnard a sévèrement taclé une étude de l’INSEE selon laquelle un quart des ménages en France vivraient dans un logement comptant « trois pièces de plus que les besoins théoriques de leurs habitants ».
« En France, après nous avoir expliqué ce que nous devions manger, comment nous devions nous chauffer l’hiver et nous rafraîchir l’été, la manière dont nous devions nous déplacer, ou qu’il était possible de porter nos vêtements plusieurs jours avant de les laver, voilà que l’administration s’inquiète… de la taille de notre salon », a fustigé l’édile Les Républicains (LR) de la Côte d’Azur.
Publiée le 8 juillet, cette analyse de l’Institut national de la statistique et des études économiques estime que « 41 % des maisons et 4 % des appartements » en France seraient « largement sous-occupés ». Un écart entre la « sous-occupation » des maisons et des appartements qui serait, selon l’INSEE, accentué par le fait que les « propriétaires vivent fréquemment dans une résidence principale largement sous-occupée (39 %) » alors que « les locataires rarement (7 %) » et que « les maisons individuelles sont plus souvent occupées par leurs propriétaires que les appartements ».
Un phénomène de « sous-occupation », par des propriétaires, qui serait lui-même accentué par les « ménages de 60 à 85 ans » possédant leur résidence « depuis longtemps » et « n’ayant généralement plus d’enfants à leur domicile ». Des ménages âgés qui seraient, a souligné l’INSEE, « dans une très large majorité satisfaits » de leur condition « et peu enclins à déménager ». Un souhait – de ne pas opter pour un logement de « taille adaptée » – qui « peut être lié » au souhait d’accueillir, notamment, « enfants ou petits-enfants », est-il analysé.
« Vous allez obliger les Français à cohabiter ?! »
« On en vient à craindre de voir surgir une Direction générale du logement standard, secondée par le Comité suprême de l’appartement nécessaire, en lien avec des comités de voisinage chargés de vérifier si votre séjour dépasse la surface jugée "adéquate" », a réagi David Lisnard. « Le logement est une propriété privée, pas un bien collectif administré par l’État, qui se révèle incapable de répondre à une pénurie de logements bien réelle dont il est lui-même la principale cause », a-t-il notamment dénoncé.
Dans son étude, l’INSEE pointe également du doigt les agriculteurs qui, peut-on encore lire, « vivent presque exclusivement en maison individuelle, sont les plus concernés par la sous-occupation très accentuée », en comparaison aux « employés », « cadres » et « artisans, commerçants et chefs d’entreprise ».
« Et alors ?! Vous allez obliger les Français à cohabiter ?! Vous allez leur imposer d’héberger des gens chez eux ?! », a pour sa part réagi sur X la cheffe de file des députés du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen, estimant que « ça devient l’URSS ! »
Et alors ?! Vous allez obliger les Français à cohabiter ?! Vous allez leur imposer d’héberger des gens chez eux ?!
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) July 8, 2025
Ça commence à bien faire maintenant ! S’ils ont envie d’avoir deux pièces de plus, c’est leur affaire, ils ont acheté leur maison ou la louent, c’est leur argent !… https://t.co/EjJdQn2DP6
Même tonalité sur le plateau de la chaîne CNews, où Véronique Jacquier a évoqué une « soviétisation des esprits ». La journaliste a notamment renvoyé aux déclarations faites à l’automne 2021 par celle qui était alors ministre du Logement (2020-2022), Emmanuelle Wargon, quant au fait que les maisons individuelles seraient un « non-sens écologique ». Selon celle qui, depuis, est devenue présidente de la Commission de régulation de l’énergie, le « modèle du pavillon avec jardin n’est pas soutenable et nous mène à une impasse ».
« C’est la faute de l’État si la crise du logement est monstrueuse », a ajouté Véronique Jacquier, fustigeant une « véritable atteinte au droit de propriété » au travers de cette étude de l’INSEE. Depuis des années, le nombre de logements mis en chantier en France ne cesse de baisser.