Gaza : un tiers de la population sans nourriture, affirme le vice-directeur du Programme alimentaire mondial de l'ONU

Le vice-directeur exécutif du Programme alimentaire mondial, Carl Skau, a alerté sur l’effondrement humanitaire à Gaza, appelant à un cessez-le-feu «urgent». L’ONU affirme que la situation n’a jamais été aussi critique depuis le début de la guerre, avec une population affamée, déplacée, et une aide humanitaire bloquée par des obstacles croissants.
La situation humanitaire dans la bande de Gaza s’est brutalement détériorée, au point de devenir incontrôlable selon les agences onusiennes. Lors d’une conférence de presse tenue à New York le 11 juillet, Carl Skau, vice-directeur exécutif du Programme alimentaire mondial, a qualifié les conditions d’« inédites et alarmantes ». Selon lui, un tiers des habitants passent plusieurs jours sans nourriture, et près de 90 000 enfants nécessitent une prise en charge urgente pour malnutrition.
Le PAM estime que l’ensemble de la population – environ deux millions de personnes – vit aujourd’hui en insécurité alimentaire aiguë. Skau évoque des familles qui ne survivent qu’avec une soupe légère, et des mères qui empêchent leurs enfants de jouer pour économiser leurs forces. Le déplacement forcé est devenu permanent : certaines familles auraient fui les bombardements jusqu’à 30 fois en quelques mois. Le prix de la farine aurait atteint 25 dollars le kilo.
Un accès humanitaire toujours bloqué
Malgré la levée partielle du blocus, les convois d’aide restent très limités. Le 11 juillet, seules 6 demandes de passage sur 15 ont été validées par Israël. Carl Skau décrit un terrain d’intervention « impossible » : 85 % du territoire est en zone militaire active, les équipes humanitaires patientent jusqu’à 20 heures dans leurs véhicules blindés, sans carburant ni radios de communication, selon UNIFEED.
Le PAM affirme avoir assez de vivres aux frontières pour nourrir toute la population pendant deux mois. Mais sans cessez-le-feu ni garanties de sécurité, ces ressources restent inaccessibles. Lors du précédent arrêt temporaire des combats, plus de 8 000 camions avaient pu entrer, et des dizaines de boulangeries avaient rouvert. « Nous sommes prêts à recommencer, dès le premier jour », a déclaré Skau.
Civils tués en cherchant à se nourrir
Les tentatives d’accès à l’aide deviennent mortelles. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, environ 800 Palestiniens ont été tués entre fin mai et la mi-juillet, souvent près de points de distribution gérés par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), une organisation appuyée par les États-Unis et Israël. L’ONU, ainsi que plusieurs ONG, dénoncent les pratiques de cette fondation, qui exposent les civils à des tirs. Washington continue pourtant de la soutenir, affirmant qu’elle empêche l’aide d’être détournée par le Hamas. Le département d’État américain a récemment annoncé une enveloppe de 30 millions de dollars en sa faveur.
Malgré les déclarations de Donald Trump sur une trêve « proche », certains hauts responsables israéliens ont immédiatement écarté cette hypothèse. L’ONU prévient : « Chaque jour sans cessez-le-feu entraîne des morts évitables », comme le résume le porte-parole Stéphane Dujarric.