Sports, espaces publics, culture... La ville de Lyon s'apprête à mettre en œuvre un «budget genré». Une idée qui permettra au moins d'identifier clairement les «lieux de propagande officielle» à éviter, relève ironiquement Anne-Sophie Chazaud.
Notre bonne ville de Lyon va donc adopter un «budget genré».
Nul doute que cette initiative aura pour conséquence immédiate la sauvegarde de la planète mais aussi le rétablissement de l’ordre dans tous les quartiers de la métropole qui désormais chaque soir s’embrasent en un anomique chaos.
L’idée de ce nouveau gadget de nos révolutionnaires culturels en carton pâte («L’histoire se répète toujours 2 fois : la première fois comme tragédie, la deuxième comme farce», disait le grand Marx auquel ces faux-nez de fausse-gauche ne connaissent rien), est donc la suivante :
Cinq directions sont particulièrement visées : les sports, les espaces publics, les maisons d’arrondissements, les établissements culturels et la commande publique. Pour la culture par exemple, il s’agira de regarder combien d’hommes et de femmes visitent une expo, mais également quel est le genre des artistes invités ou encore des personnels qui travaillent à sa préparation.
Ce projet de haute volée intellectuelle a pour avantage de souligner plusieurs points : tout d’abord, que lorsqu’on élit des branquignoles, ensuite on doit en payer les conséquences et que ce n’est pas volé (selon le bon vieux principe qu’on apprend aux enfants action/conséquences : tu fais une bêtise, tu paies).
Ensuite, il apparaît décidément avec clarté que ces gens sont complètement obsédés non pas à l’idée de sauver la planète, mais obsédés par les questions de sexe. Bon. Ma foi...
Ensuite, on est en droit de s’amuser que les mêmes qui passent leur temps à expliquer que les genres (hommes/femmes) n’existent pas, s’évertuent ensuite à compter les uns et les autres comme des petits pois pour les répartir dans leurs tableaux excel budgétaires : le paradoxe ne manque pas de piquant.
Enfin et surtout, concernant la question culturelle : cette formulation, cet objectif avoué, ont pour avantage de souligner ce que j’explique depuis longtemps, pour connaître très bien ce secteur, à savoir que ce qui est le plus souvent appelé «culture» par ce type de guignolos, est en réalité un outil constant de propagande politique, un artifice idéologique le plus souvent rébarbatif, pesant, lourd, indigeste, qui a à voir avec à peu près tout sauf avec l’esprit de création véritable lequel implique la liberté.
L’avantage ici c’est que c’est énoncé clairement, sans le moindre scrupule.
La seule démarche vraiment intellectuelle et culturelle digne de ce nom consistera donc à fuir ces lieux de propagande officielle comme la peste et à pratiquer ces activités (culture du corps, de l’esprit, véritable création, etc.), en dehors de tout circuit officiel, c’est-à-dire dans les marges, là où l’on est libre de toute intrusion politique quelle qu’elle soit. Mon aspect libertaire s’y retrouvera très bien et je n’ai de toute façon jamais considéré que l’on puisse produire un quelconque art véritable en se rangeant toujours du bon côté du manche.
Ce budget genré fournit donc utilement aux citoyens le guide de tous les lieux où ne pas aller si l’on souhaite s’élever un peu des sentiers battus.
Il présente donc une véritable utilité qui doit être saluée.
Anne Sophie Chazaud
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