Selon la chanteuse Camélia Jordana, «les hommes blancs sont responsables de tous les maux de la terre». Pour l'essayiste Lydia Guirous, le racialisme est un racisme de bien-pensant. Tribune.
Les artistes sont parfois surprenants, avant-gardistes, lanceurs d’alerte mais aussi... décevants et déconnectés. Nous avions connu les donneurs de leçons avec les migrants, les «violences policières», les droits des femmes et tant de nobles causes qu’ils ont parfois contribué, par leur approche superficielle et professorale, à rendre repoussantes pour l’opinion publique.
Le plan marketing d'un artiste recommande depuis longtemps déjà de s’investir dans l’humanitaire et la philanthropie. Chaque vedette ira dire son petit mot à la tribune de l’ONU, de l’UNESCO, ou de l’UNICEF et chacune fera de jolies photos à cette occasion... La gauche donneuse de leçons a toujours adoré les raouts autour des «artistes», car ils servent de paravents et de rabatteurs électoraux à l’occasion de grands concerts du type «SOS racisme» ou «Touche pas à mon pote» à la Bastille. D’autres préfèrent les photos glamour au Trocadéro pour défendre les femmes enfermées à l’autre bout du monde, en Afghanistan ou au Pakistan, mais se taisent quand il s’agit de celles qui en France subissent l’enfermement et la soumission imposés aux femmes par les islamistes avec le voile... et cela même lorsqu’il s’agit de petites filles...
Camélia Jordana est le pur produit de cette industrie de la culture qui gère sa communication et son agenda comme un chef d'orchestre sa partition musicale. Son album sort prochainement, et pour accélérer sa promotion et élargir sa cible (consommateurs), elle se fait l’héroïne de causes que ses conseillers ont identifiées comme stratégiques pour vendre. La mode est moins à l’écologie, alors Camélia Jordana, se positionne sur le racialisme, le néo-féminisme revanchard et lâche et les «violences policières». Un nouveau public s’ouvre désormais à elle, celui des jeunes de banlieue... grands consommateurs de musique. Des jeunes de banlieue dont elle tente de se rapprocher car jusque-là, son image était plutôt celle d’une bourgeoise-bohème, plutôt privilégiée (white privilege ?) depuis très jeune, loin de la banlieue et de sa réalité.
Rien n’est donc spontané dans ses prises de parole. Tout est anticipé, préparé, ciblé. Qu’importe si, par ses provocations, elle participe à fracturer la fraternité, à souligner nos différences plutôt que ce qui nous rassemble, à attiser les haines, à soutenir des thèses communautaristes. Qu’importe même si elle sombre dans le racisme anti-blanc et la misandrie («Si j’étais un homme je m’excuserais» ; «Les hommes blancs sont, dans l’inconscient collectif, responsables de tous les maux de la terre»). Qu’importe, car l’ivresse du buzz est là, et l’objectif mercantile sera atteint.
Désormais, Camélia Jordana, enfant gâtée de la République, hier érigée en Marianne à la une de l’Obs, prend des airs de Houria Boutelja aux propos haineux et accusateurs. Nous ne pouvons que le regretter. Camélia Jordana se rend-elle compte que la meilleure démonstration de l’ineptie de ses propos est son propre parcours et celui de sa famille ? Oui, Camélia Jordana, la République est grande et généreuse. Votre parcours le démontre comme celui de tant d’autres d'ailleurs, dont le mien. Mais vous préférez le nier, pour vous soumettre au Dieu-argent et à une forme d'onanisme pseudo-intellectuel et militant, propre aux amateurs du buzz médiatique... Pitoyable.
Lydia Guirous