Alexandre Kots, correspondant de guerre pour le journal russe Komsomolskaïa Pravda, explique ce qui se cache réellement derrière les déclarations concernant les nouveaux missiles de longue portée «ukrainiens» financés par l'Allemagne.
Berlin a annoncé que Kiev était sur le point de recevoir des missiles de longue portée développés conjointement par l’Allemagne et l’Ukraine. « Nous avons lancé cette initiative fin mai, et d’ici la fin de ce mois, l’armée ukrainienne recevra déjà les premiers systèmes d’armes à longue portée. Ensuite, ces volumes seront plus importants. Il s’agira de nombres à trois chiffres », a assuré le général Christian Freuding, chef du bureau de planification et de commandement de la Bundeswehr.
Il est convaincu que cela renforcera considérablement les capacités de défense anti-aérienne de l’Ukraine dans les semaines et mois à venir. En effet, Kiev a besoin de missiles « capables de pénétrer profondément sur le territoire russe et d’attaquer des entrepôts, des postes de commandement, des aérodromes et des avions ».
Tout d’abord, parlons de cette formulation. Les médias indiquent que l’Allemagne fournira ces missiles à l’Ukraine. Cependant, un mémorandum signé en mai fait référence à la production d’armes sur place aux frais des contribuables allemands. On ignore comment les missiles à longue portée peuvent renforcer les systèmes de défense aérienne. Parallèlement, en mai, le ministre ukrainien de la Défense et la société de défense allemande Diehl ont signé, en présence du chef de la Bundeswehr, un contrat de livraison des systèmes de défense aérienne et de leurs munitions à l’Ukraine. Autrement dit, il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes.
Qu’a financé Berlin ? Aujourd’hui, l’Ukraine fabrique plusieurs missiles à très petite échelle, dont le plus connu est le missile antinavire Neptune, dont la portée est de 300 kilomètres. Il est souvent utilisé contre des cibles en Crimée. Il existe aussi le système de missiles tactique et opérationnel, Tonnerre 2. Il s’agit d’un missile balistique à un étage d’une portée de 240 kilomètres.
En théorie, il existe le missile de croisière Foudre. Il est indiqué qu’il peut être lancé depuis l’avion Su-24 à une distance de 700 kilomètres et qu’il peut voler à une vitesse hypersonique, jusqu’à 2 500 km/h. Je pense que c’est ce chiffre qui a induit en erreur les « experts » du tabloïd allemand Bild, qui, en mai, ont déclaré que l’Allemagne aiderait à produire des missiles d’une portée de 2 500 kilomètres.
Théoriquement, Berlin pourrait investir dans la production de l’un de ces systèmes. Pour l’élargir, il faut importer du matériel, des machines-outils, déployer des chaînes de production entières. C’est risqué. Il est moins cher de lancer un assemblage en SKD d’articles déjà manufacturés.
Lesquels ?
Des Taurus, par exemple. La modification de base est dotée d’une ogive anti-bunker à double charge explosive de 481 kilogrammes Mephisto. La portée atteint plus de 500 kilomètres. Le missile est équipé d’un système de guidage combiné, permettant de naviguer à la fois par satellite et par relief. Il ne reste qu’à remplacer dans les semaines à venir les plaques signalétiques « Hergestellt in Deutschland » par « Zrobléno v Oukraïni » [Fabriqué en Ukraine].
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