Un «nouveau caprice immonde» : polémique en France après l’annonce par Macron du prêt aux Britanniques de la Tapisserie de Bayeux

Un «nouveau caprice immonde» : polémique en France après l’annonce par Macron du prêt aux Britanniques de la Tapisserie de Bayeux© Yui Mok-Pool Source: Gettyimages.ru
Emmanuel Macron (au centre), président de la République française, lors d'un banquet d'État donné en son honneur le 8 juillet 2025 au château de Windsor par le roi Charles III (à droite), en Angleterre. [Photo d'illustration]
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Lors de sa visite d’État au Royaume-Uni, Emmanuel Macron a promis que la France prêterait au British Museum la célèbre Tapisserie de Bayeux. Si le prêt coïncide avec la fermeture pour travaux du musée de Bayeux, ce trésor national français – âgé de plus de 1000 ans et long de 70 mètres – est pourtant considéré comme intransportable.

« Et pourquoi pas la tour Eiffel à New York? ». Depuis l’annonce le 8 juillet par Emmanuel Macron – auprès des quotidiens Ouest-France et Paris Normandie, puis lors d’un toast sous les ors du château de Windsor – du prêt à la Grande-Bretagne de la Tapisserie de Bayeux, les critiques fusent sur les réseaux sociaux à l’encontre de ce qui apparait comme une énième décision unilatérale de l’Élysée.

Une « hérésie », un « nouveau caprice immonde », un échange « inutile », ont fustigé des internautes, dont certains rappellent qu’une réplique de la Tapisserie est déjà exposée en Angleterre, au Reading Museum, à l’ouest de Londres. D’autres, plus alarmistes, brandissent le risque de ne pas revoir cette œuvre renvoyant aux rivalités franco-britanniques autour de la pierre de Rosette. En effet, l’origine de ce trésor national français fait débat, les Britanniques – dont la presse titre unanimement sur le « retour » de la Tapisserie « depuis sa création » – revendiquent en être les artisans.

Si dans la presse française, on s’entête à saluer la réalisation d’une promesse faite par Emmanuel Macron lors d’un sommet franco-britannique à Sandhurst en janvier 2018, des voix s’élèvent pour rappeler la fragilité de ce trésor national de près de 70 mètres, âgé de plus de 1 000 ans, inscrit au registre international Mémoire du monde, par l'UNESCO.

Toute manipulation est « un risque pour sa conservation »

« Il s'agit donc vraiment d'une pièce très fragile et monumentale, avec les difficultés que cela engendre pour ce qui est de sa manipulation et de sa conservation », a déclaré auprès de RFI Antoine Verney, conservateur en chef des musées de Bayeux.

« Le déplacement d'une telle œuvre est un risque », a-t-il souligné avant d’enchaîner : « et c'est une bonne chose qu'il y ait une conscience de ce risque, parce que cela veut dire que tout est mis en place pour limiter au maximum les risques liés au déplacement, à la mise en boîte et à l'exposition d'une telle œuvre ».

« En fait on s’est rendu compte au fur et à mesure des études qu’à la fois la tapisserie était trop fragile pour être déplacée sur une grande distance et que toute manipulation supplémentaire était un risque pour sa conservation », déclarait dans une vidéo postée en février sur la chaîne Youtube du Préfet du Calvados, une conseillère musées de la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) Normandie, Cécile Binet.

Cette dernière évoquait ainsi l’abandon de tout projet de déplacement de la Tapisserie, au regard de la fragilité, en dehors du musée le temps des travaux dans l’édifice. Des travaux qui débutent en septembre 2025 et doivent perdurer jusqu’en octobre 2027. « Cette toile-là par endroits est extrêmement translucide et fragile », confiait une restauratrice dans cette même vidéo.

Un bouclier de bronze et des figurines en ivoire parmi les pièces prêtées en échange

Lors d'une réunion à l’automne 2020, le comité international de la tapisserie de Bayeux s'était positionné pour « un maintien de l'œuvre in situ jusqu'à sa restauration, qui seule peut justifier son déplacement », a rappelé France info. «­ Faisant fi des avis d'experts, la diplomatie semble avoir pris le dessus sur le monde scientifique », conclu l’article de ce média public.

Datant du XIe siècle, la tapisserie aurait été commandée par l’évêque Odon de Bayeux, demi-frère de Guillaume le Conquérant dont elle représente la conquête de l’Angleterre avec pour point d’orgue la bataille de Hastings où le duc de Normandie a défait le roi anglo-saxon Harold Godwinson. Sa mort – après avoir été frappé d’une flèche dans l’œil – ainsi que celle de ses deux frères Leofwine et Gyrth, est d’ailleurs représentée sur cette œuvre mettant en scène plus de 620 personnages et 200 chevaux.

Selon Emmanuel Macron, qui évoque un « geste exceptionnel et vraiment millénaire », l’œuvre moyenâgeuse doit être exposée outre-Manche, dans le musée londonien, de septembre 2026 à juin 2027.

En échange, a précisé le président français à Ouest-France et Paris Normandie, des musées de Caen et de Rouen doivent se voir prêter des pièces issues du trésor de Sutton Hoo. Découvert à la veille de la Seconde Guerre mondiale, il est considéré comme l’une des plus grandes découvertes archéologiques du Royaume-Uni.

Toujours selon Emmanuel Macron, des figurines de jeux d'échecs, faites en ivoire de morse datant du XIIe siècle et retrouvées sur l'île écossaise de Lewis, doivent également être prêtées par la partie anglaise, ainsi que le bouclier de Battersea. Cette cuirasse celte, en bronze, datée entre 350 et 50 avant J.-C., doit son nom au pont sur la Tamise à proximité duquel il avait été découvert en 1857.

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