Alors que Zelensky rencontre Macron à Paris et que Witkoff est dépêché à Moscou pour parlementer avec Poutine, l’OTAN évoque des frappes «préventives» contre la Russie. Pour Karine Bechet, cette séquence traduit moins une volonté de paix qu’une visée occidentale : obtenir de Moscou ce qu’elle refuse, la capitulation politique et stratégique.
Lundi 1er décembre, Zelensky s’est entretenu avec Macron. Si chacun parle de la recherche d’une solution de paix, c’est bien d’une aide militaire dont il était question. La position des deux hommes est claire : rien n’est finalisé en ce qui concerne le « plan de Trump » et le soutien au front ukrainien ne doit pas faiblir.
Leurs déclarations se font écho, Dupond et Dupond se répondent devant les caméras. Quand Zelensky déclare que la question territoriale restait « la plus difficile » à résoudre — selon lui, « le plan s’améliore, les questions territoriales sur les différentes régions de l’Ukraine ont duré plus de six heures. Les pourparlers se poursuivent ». Macron lui répond : « Il n'y a pas aujourd'hui à proprement parler un plan qui soit finalisé. Sur la question des territoires, il ne peut être finalisé que par le président Zelensky. » Pour lui, les négociations sont encore dans une « phase préalable ».
Autrement dit, soit la réunion ukraino-américaine en Floride n’a abouti à rien, contrairement aux affirmations toujours optimistes des Américains, soit le poids des Américains au sein des Globalistes est réduit, soit les Américains ne veulent pas réellement d’un règlement pacifique et jouent un double jeu.
Pourtant, compter sur une division des élites globalistes semble superflu, si l’on regarde le scénario de ce round de négociations. Après les rencontres américano-ukrainiennes, la phase parisienne s’est accompagnée d’une discussion avec les dirigeants européens, puis d’un échange avec le président américain. Nous sommes bien dans une parfaite coordination des différentes équipes et des différents niveaux.
Et évidemment, la Russie est accusée de « ne pas vouloir la paix ». Selon Macron : « Est-ce qu'ils sont prêts à arrêter le combat, à faire la paix ? Je note quand même que ça fait trois, quatre fois que les Russes ont dit non, donc ils ne semblent pas très pressés de la faire. » Ces déclarations interviennent alors que la Russie affirme sur tous les tons sa volonté de trouver un accord de paix durable, qui permette de résoudre les sources du conflit, mais qui tienne compte de ses intérêts vitaux — pour que, justement, le conflit ne reprenne pas ensuite de plus belle.
La volonté d'agresser la Russie
Il semble que la « paix » des uns ne soit pas celle des autres. Quelle « paix » est requise par les Globalistes ? Telle reste bien la question. Le président russe a affirmé avoir reçu les propositions américaines, et les contre-propositions européennes n’ont manifestement pas été formalisées, en dehors de différentes sorties médiatiques agressives.
Witkoff est arrivé le 2 décembre à Moscou pour en discuter avec Poutine. Plusieurs aspects restent très controversés et il sera difficile de trouver un accord qui soit respecté par l’Occident et qui tienne compte de l’intérêt légitime russe. Les accords de Minsk, puis la tentative d’Istanbul, l’ont déjà largement démontré.
La reconnaissance juridique des territoires (et non pas factuelle, qui n’aurait aucun sens), le retour des actifs russes à la propriété de la Russie (et non pas leur utilisation comme tribut de guerre), sans parler de la libération politique et de la démilitarisation du reste du territoire ukrainien, sont des éléments où un compromis est difficilement possible. Car cela impliquerait la victoire et la défaite des parties sur le front ukrainien, ce qui aurait de sérieuses implications géopolitiques.
Dans cette logique, l’OTAN a fait une annonce tonitruante : des frappes « préventives » contre la Russie sont possibles. La question des premières frappes de l’OTAN contre la Russie « en cas de comportement agressif de la Russie » avait déjà été évoquée en novembre par le chef du comité militaire, qui déclarait : « Il est plus judicieux de ne pas attendre, mais de frapper les lanceurs en Russie si la Russie nous attaque. » Et d’insister : « Nous devons frapper les premiers. » La rhétorique « défensive » reste le paravent d’une volonté de plus en plus assumée d’agresser la Russie.
La logique est ici plus que surprenante : comment peut-on en même temps frapper les premiers et invoquer une réponse à une attaque de la Russie ?
« Frappes préventives » de l'OTAN
L’OTAN continue sur cette ligne, et pour éviter d’invoquer ouvertement la nécessité de tirer en premier, le champ sémantique glisse vers des « frappes préventives ». Ainsi, l’amiral Cavo Dragone prévient : « Nous réfléchissons à la manière d’être plus agressifs ou proactifs. » Il suggère qu’une « attaque préventive » peut, dans certaines circonstances, être considérée comme une « action défensive ». Pourtant, il reconnaît que « cela est très éloigné de notre manière habituelle de penser et d’agir ».
En effet, quand on frappe les premiers, on agresse. Sinon, on répond, on se défend, mais dans ce cas, on n’attaque pas. C’est un dilemme pour l’OTAN : comment préserver le mythe d’une organisation pacifiste et de défense tout en assumant sa nature profonde qui est guerrière ?
Toujours est-il que si l’on combine ces différents éléments, le processus de négociation prend une toute autre tournure. Nous sommes bien toujours dans le paradigme affirmé par Trump de « la paix par la force ». Ce qui n’est pas compatible avec de véritables négociations, ni avec la recherche d’un compromis. La force est utilisée pour faire plier l’ennemi, lui faire accepter des conditions qui ne correspondent pas à ses intérêts.
Dans ce jeu à plusieurs bandes, les élites globalistes utilisent plusieurs instruments. Les équipes de négociation portent le gant de velours pour amadouer la Russie. L’OTAN, parfaitement maîtrisée par les Américains, menace d’une confrontation à un autre niveau pour faire peur à la Russie. Les Européens, eux, sont la mouche du coche, qui doit venir énerver la Russie et la pousser à la faute.
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