Violations du cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine, Kiev et les rebelles se jettent la pierre
Les autorités ukrainiennes et les rebelles de l'est du pays s'accusent mutuellement de bombardements, alors que la situation sur la ligne de contact se dégrade. Washington accuse par ailleurs Moscou, qui appelle à une désescalade.
Si la prétendue invasion russe de l'Ukraine, annoncée depuis des mois par les représentants occidentaux et les médias mainstream n'a toujours pas eu lieu, la situation dans l'est ukrainien n'en reste pas moins tendue. Ce 17 février, l'armée ukrainienne et les rebelles de l'est du pays – qui refusent de reconnaître les autorités issues du coup d'Etat de 2014 – se sont mutuellement accusés de bombardements et de violations des accords de Minsk, visant à mettre un terme aux hostilités.
Accusations mutuelles de violation du cessez-le-feu
Comme le rapporte l'agence de presse Tass, un porte-parole des forces armées de la République autoproclamée de Donetsk a annoncé que celles-ci avaient riposté à des bombardements de l'armée ukrainienne. Il a précise que les tirs avaient été effectués sur des cibles militaires afin de protéger les civils, et a dénoncé «un nouvel exemple de violation grossière du cessez-le-feu par la partie ukrainienne» qu'il a accusée de «provoquer à dessein la reprise des hostilités dans le Donbass».
Dans un communiqué publié sur Facebook, l'armée ukrainienne a pour sa part accusé les combattants séparatistes d'avoir frappé une école maternelle dans la localité de Stanitsa Louganska, faisant trois blessés.
Ces «bombardements provocateurs», selon les termes du président ukrainien Volodymyr Zelensky, auraient endommagé des infrastructures et «la moitié de la localité a été laissée sans électricité», d'après l'armée. Des photos publiées montrent un trou d'obus dans le mur de l'école et des briques jonchant une pièce au milieu de jouets d'enfants. En plein pic de tension, le dirigeant ukrainien a d'ailleurs annoncé qu'il se rendait en bateau dans la zone de l'opération menée par les forces ukrainiennes dans le Donbass.
De leur côté, les autorités de la République autoproclamée de Lougansk, citées par l'agence de presse russe Interfax, ont annoncé : «La situation sur la ligne du front s'est dégradée au cours des dernières 24 heures.» Elles ont accusé l'armée ukrainienne d'«essayer de pousser le conflit vers une escalade».
L'Occident pointe du doigt Moscou, qui met en garde contre une nouvelle escalade
Sur Twitter, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba a pointé du doigt une «grave violation des accords de Minsk par la Russie».
Moscou est accusée par Kiev de soutenir les rebelles de l'est ukrainien, ce qu'elle a toujours démenti. La Russie ne reconnaît pas les Républiques de Donetsk et de Lougansk comme des Etats indépendants et, si une proposition en ce sens a été votée à la Douma, elle n'est pas soutenue pour l'heure par le parti au pouvoir Russie unie.
Exprimant sa «profonde préoccupation» quant à la situation sur place, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a commenté : «Nous espérons que nos opposants des capitales occidentales, de Washington, de l'Otan utilisent toute leur influence pour mettre en garde les autorités de Kiev contre une nouvelle escalade.»
Plus tard, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a affirmé : «Nous avons vu les informations sur les bombardements et c'est certainement troublant. Nous sommes encore en train de rassembler les détails. Nous disons depuis un certain temps que les Russes pourraient faire quelque chose comme cela pour justifier un conflit de type militaire.»
Accusée depuis des mois de vouloir envahir l'Ukraine malgré les démentis, Moscou a réitéré ce 17 février n'avoir aucune intention de la sorte.
Le conflit dans l'est ukrainien a fait plus de 14 000 morts et plus de 1,5 million de déplacés, selon l'ONU. Les accords de Minsk ont été conclus en 2015, mais les deux parties s'accusent de ne pas les respecter.