La France dénonce des violences policières «inacceptables» contre des journalistes en Tunisie
Le Quai d'Orsay a condamné les violences commises contre plusieurs journalistes lors des manifestations du 14 janvier à Tunis. De son côté, le syndicat des journalistes tunisien a fait part de ses inquiétudes vis-à-vis des libertés en Tunisie.
La France a condamné le 18 janvier les violences dont ont été victimes plusieurs journalistes – dont certains français – qui ont été pris pour cible par la police tunisienne lors de manifestations contre le président tunisien Kaïs Saïed le 14 janvier dernier.
«Plusieurs journalistes, notamment des correspondants de la presse française et internationale, ont été victimes de violences alors qu'ils couvraient les manifestations qui se sont tenues à Tunis le 14 janvier 2022. Cela n'est pas acceptable», énonce un communiqué du ministère français des Affaires étrangères repris par l'AFP. «La France souligne son attachement à la liberté d'information et à la liberté de la presse, en Tunisie comme partout dans le monde», ajoute le communiqué.
Le Syndicat des journalistes tunisiens (SNJT) a également condamné, le 15 janvier, les «attaques dangereuses et sans précédent des forces de l’ordre» contre des journalistes, alors qu'ils couvraient les manifestations de la veille contre l'action du président Kaïs Saïed. Ces rassemblements avaient été interdits par les autorités du pays, officiellement pour des raisons sanitaires face à une résurgence de l'épidémie de Covid-19.
Dans un communiqué publié sur son site le 15 janvier et repris par l'agence de presse turque Anadolu, le SNJT explique que «l'unité de surveillance du Centre de sécurité du travail [qui lui est affiliée] a relevé plus de 20 agressions, dans la mesure où les forces de l’ordre ont ciblé des journalistes et des photojournalistes, avec une violence extrême, lors de la dispersion des manifestants voulant accéder à l'avenue Habib Bourguiba». Le communiqué précise également que les journalistes «ont été ciblés alors qu'ils portaient leurs gilets distinctifs, et malgré avoir décliné leur profession journalistique lors des agressions menées contre eux».
D'après une information rapportée par Libération et RFI, leur correspondant en Tunisie Mathieu Galtier a été brutalisé par des policiers et empêché de couvrir la manifestation. Plusieurs organisations ont condamné ces violences, dont l'association des correspondants étrangers en Afrique du Nord et le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux. «Nous condamnons fermement cette agression policière envers le correspondant ici à Tunis. Nous avons demandé l’ouverture d’une enquête au sein du ministère de l’Intérieur. Ces pratiques ne sont pas des pratiques isolées», a déclaré Alaa Talbi, l’un des dirigeants du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, interrogé par RFI.
Les libertés en Tunisie font «face à un péril imminent» selon le SNJT
Lors d'une conférence de presse conjointe organisée le 18 janvier par 21 organisations de défense des droits, le chef du SNJT, Yassine Jelassi, a mis en garde contre le fait que les libertés en Tunisie faisaient «face à un péril imminent». «Une mentalité sécuritaire et policière dirige l'Etat. La Tunisie est devenue un pays qui réprime les libertés», s'est-il alarmé, des propos relayés par l'AFP.
Plusieurs manifestations se sont déroulées à Tunis le 14 janvier pour marquer le 11e anniversaire de la chute de Zine el-Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011 et pour dénoncer ce que les protestataires estiment être un coup de force du président Kaïs Saïed qui s'est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet dernier en suspendant le parlement, une suspension prolongée le 13 décembre dernier.