OSCE : Moscou veut bloquer l'extension de l'OTAN, Washington brandit (encore) le dossier ukrainien
Sergueï Lavrov et Antony Blinken, qui se rencontrent à Stockholm, cherchent un terrain d'entente dans un contexte diplomatique tendu. Tandis que Washington dénonce une «agression» contre l'Ukraine, Moscou s'inquiète de l'extension de l'OTAN.
Ce 2 décembre, pour la première fois depuis plusieurs années, les chefs respectifs de la diplomatie russe et américaine se retrouvent autour de la table du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’OSCE, qui se déroule à Stockholm. L'occasion pour les deux représentants de faire valoir leurs positions, alors que les accusations fusent de part et d'autre, en particulier autour d'un sujet récurrent : la prétendue intention de Moscou d'envahir l'Ukraine.
Lavrov met en garde contre le «scénario cauchemar de la confrontation»
Accusant l'OTAN et ses alliés de refuser d'étudier les propositions visant une désescalade des tensions, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a mis en garde lors d'une prise de parole : «Le scénario cauchemar de la confrontation militaire fait son retour.»
Le représentant russe a accusé l'Alliance atlantique de continuer à «rapprocher son infrastructure militaire des frontières russes» et appelé à trouver une solution dans le cadre d'un «dialogue avec les Etats-Unis et leurs alliés».
Sergueï Lavrov a ainsi promis une «proposition» à venir sur «l'élaboration d'accord empêchant toute progression supplémentaire de l'OTAN vers l'Est et le déploiement de systèmes d'armes qui nous menacent à proximité proche du territoire russe». L'idée avait été émise la veille par le président russe Vladimir Poutine.
«Nous attendons [que cette proposition] soit sérieusement examinée sur le fond, sans excuses, et nous pensons que l’OSCE peut jouer un rôle très utile dans ce contexte», a encore précisé le chef de la diplomatie, alors que le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a émis, le même jour, la possibilité d'un «contact» dans les prochains jours entre Joe Biden et Vladimir Poutine.
Washington remet l'Ukraine sur la table
De son côté, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, qui s'est entretenu avec Sergueï Lavrov pendant une demi-heure, a assuré que les Etats-Unis étaient «profondément préoccupés par les plans de la Russie en vue d'une nouvelle agression contre l'Ukraine».
«Si la Russie décide de continuer sur la voie de la confrontation, elle subira de graves conséquences», a en outre menacé le représentant américain, selon des propos cités par l'AFP.
«La meilleure manière de prévenir une crise, c'est la diplomatie», a-t-il ajouté dans un autre registre, se disant prêt à «faciliter» la mise en œuvre des accords de Minsk. Conclus en 2015, ceux-ci visent à régler le conflit en cours dans l'est ukrainien, mais les différentes parties s'accusent mutuellement de ne pas en respecter les dispositions.
De l'huile sur le feu
Avant de rencontrer Sergueï Lavrov à ce sommet de l'OSCE, dont les deux pays sont membres, Antony Blinken s'était répandu en déclarations explosives à l'attention de Moscou. Au cours d'une réunion de l'OTAN à Riga, en Lettonie, il avait directement accusé Vladimir Poutine de «mettre en place la capacité» d'envahir «rapidement» l'Ukraine.
Ce scénario, brandi maintes et maintes fois au cours des dernières années, est fermement démenti par les autorités russes. «En attisant les tensions sur une prétendue menace russe, les Etats-Unis et leurs alliés créent un contexte d'information favorable au renforcement de leur groupe militaire, de leurs activités de reconnaissance, et de leurs livraisons d'armes de pointe, de munitions et d'autres matériels à l'armée ukrainienne et aux forces nationalistes», avait par exemple résumé le chef du Conseil de sécurité de la Fédération russe, Nikolai Patrushev, cité le 30 novembre par l'agence de presse Tass.
Mais cela n'empêche pas l'Ukraine de multiplier les déclarations hostiles à l'encontre de Moscou. L'un des derniers exemples en date : le 1er décembre, devant le Parlement ukrainien, le président Volodymyr Zelensky avait qualifié la «libération» de la Crimée (territoire rattaché à la Russie en 2014 à l'issue d'un référendum) d'«objectif» et de «philosophie» nationale. «De fait, nous voyons cela comme une menace directe adressée à la Russie», a réagi ce 2 décembre le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.