Crise migratoire : Moscou renvoie les Occidentaux à leurs responsabilités
Alors que les tensions s'accumulent à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, où se massent plusieurs milliers de migrants, le chef de la diplomatie russe a pointé la responsabilité de l'Occident dans l'exode de populations.
Alors que les tensions à la frontière entre Pologne et Biélorussie prennent une ampleur internationale, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'est exprimé à ce sujet, ainsi que sur les enjeux migratoires de manière plus large, lors d'un point presse ce 9 novembre. Après avoir estimé que la solution à la situation polono-biélorusse devait être trouvée «dans le plein respect des principes du droit international humanitaire», le ministre russe a pointé du doigt la responsabilité des politiques occidentales dans l'accroissement des flux migratoires dans certaines régions du monde.
La responsabilité principale du règlement de la crise des migrants revient à ceux qui ont créé les conditions pour que cette crise éclate
«Cela a commencé avec la politique que les pays occidentaux, dont l’OTAN et les pays de l’Union européenne, mènent depuis de nombreuses années vis-à-vis du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, en essayant de leur imposer une vie meilleure selon les modèles occidentaux, la démocratie sous la forme sous laquelle l’Occident l’interprète et a tenté de l’imposer agressivement dans le monde entier, se lançant dans des aventures militaires lorsqu’il rencontrait la moindre résistance», a déclaré le chef de la diplomatie russe. Des références, peut-on supposer, à la guerre menée par les Etats-Unis et certains de ses alliés en Irak ou à l'intervention de l'OTAN ayant conduit au renversement de Mouammar Kadhafi en Libye. «La responsabilité principale du règlement de la crise des migrants incombe à ceux qui ont créé les conditions pour que cette crise éclate», a ajouté le ministre russe.
Crise polono-biélorusse : Varsovie accuse Minsk... et Poutine
Environ 3 000 à 4 000 migrants, principalement originaires du Moyen-Orient et arrivés avec un visa biélorusse dans l'espoir de gagner l'Union européenne, se trouvaient ce 9 novembre massés à la frontière polonaise. Varsovie accuse Minsk d'avoir orchestré cet afflux. Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a également porté ses accusations contre le président russe Vladimir Poutine, déclarant (sans apporter de preuve tangible) qu'il était co-responsable de cette situation qualifiée par Varsovie d'«attaque hybride». «Loukachenko [le président biélorusse] est l'exécuteur de la dernière attaque, mais cette attaque a son commanditaire qui se trouve à Moscou et ce commanditaire est le président Poutine», a martelé Mateusz Morawiecki lors d'une réunion d'urgence du Parlement polonais.
De même, l'Union européenne et les Etats-Unis ont accusé Minsk d'instrumentaliser ces migrants à des fins politiques, et l'OTAN a condamné une «tactique hybride».
La Biélorussie a, de son côté, dénoncé des accusations «sans fondement». En outre, le président biélorusse Alexandre Loukachenko a déploré le déploiement «particulièrement préoccupant» de troupes polonaises à la frontière avec son pays. Le chef d'Etat a également fait savoir que la Biélorussie «ne se [mettrait] pas à genoux» devant l'Union européenne, tout en soulignant qu'il «ne cherchait pas la bagarre».
Enfin, les garde-frontières biélorusses ont accusé les forces polonaises d'avoir fait usage de gaz lacrymogène et d'exercer une «pression psychologique» sur les migrants en «allumant des haut-parleurs, des projecteurs et des lumières stroboscopiques toute la nuit» du 8 au 9 novembre.