Trump veut que toutes les troupes américaines quittent l'Afghanistan avant Noël
- Avec AFP
Donald Trump a affirmé qu'il voudrait retirer l'intégralité des militaires américains toujours basés en Afghanistan d'ici Noël, c'est-à-dire plus rapidement que prévu par l'accord entre les Etats-Unis et les Taliban.
Le 7 octobre, date anniversaire du déclenchement de l’intervention militaire américaine en Afghanistan de 2001, Donald Trump a affirmé sur Twitter que les Etats-Unis devraient «faire rentrer à la maison d'ici Noël le petit nombre de nos courageux hommes et femmes qui servent encore en Afghanistan!»
We should have the small remaining number of our BRAVE Men and Women serving in Afghanistan home by Christmas!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) October 7, 2020
Le président républicain, qui briguera le 3 novembre un second mandat face au démocrate Joe Biden, souhaite depuis son élection «mettre fin aux guerres sans fin» et n'a jamais caché qu'il espérait accélérer le retrait des troupes à l'approche de la présidentielle.
Joe Biden s'était opposé à l'envoi de renforts lorsqu'il était vice-président de Barack Obama, mais son point de vue ne l'avait pas emporté. Sur son site de campagne, le septuagénaire démocrate promet lui aussi de «mettre fin aux guerres interminables» et de rapatrier «la grande majorité» des troupes américaines d'Afghanistan, tout en maintenant une mission étroite aux contours flous pour contrer al-Qaïda et le groupe terroriste Daesh.
Aux Etats-Unis, le principe d'un retrait est de plus en plus partagé aussi bien côté démocrate que républicain ainsi que dans l'opinion, même si un certain nombre de responsables politiques, notamment parmi les républicains néoconservateurs, mettent en garde contre le risque de voir des groupes terroristes se servir à nouveau de l'Afghanistan comme d'une base-arrière.
Un retrait négocié
L'administration Trump s'est engagée à retirer toutes les troupes américaines d'Afghanistan mi-2021 au plus tard dans un accord historique signé le 29 février 2020 avec les Taliban. En échange, les insurgés se sont engagés à ne pas laisser des terroristes opérer depuis les territoires qu'ils contrôlent, et à entamer des négociations de paix directes inédites avec le gouvernement de Kaboul.
Ces dernières ont débuté en septembre 2020, avec plusieurs mois de retard, et n'ont pas encore permis d'aboutir à une entente pour diminuer la violence, voire conclure un cessez-le-feu.
Malgré ces maigres avancées, l'armée américaine a entamé son retrait au rythme prévu par l'accord, voire plus rapidement. En septembre 2020, il y avait 8 600 militaires américains en Afghanistan, mais le Pentagone avait fait savoir qu'une nouvelle phase du retrait était imminente, des responsables ayant déclaré que le niveau des troupes se situerait entre 4 000 et 5 000 personnes d'ici la fin novembre.
Ainsi, en cette même journée du 7 octobre, le conseiller à la sécurité nationale Robert O’Brien a déclaré lors d’un évènement à l’université du Nevada que «lorsque le président Trump a pris ses fonctions, il y avait plus de 10 000 soldats américains en Afghanistan. Aujourd'hui, ils sont moins de 5 000 et ils seront 2 500 au début de l'année prochaine».
Après deux décennie de guerre, une situation toujours instable
Le tweet de Donald Trump, à mi-chemin entre l'annonce présidentielle et la promesse de campagne, intervient alors que les pourparlers de paix de Doha piétinent. Ces négociations au Qatar ont pour objectif de mettre fin à presque deux décennies de guerre en Afghanistan mais ont été ralenties par des désaccords sur le code de conduite à adopter dans les discussions.
Le président afghan Ashraf Ghani a appelé le 6 octobre les Taliban à «avoir le courage de déclarer un cessez-le-feu national» lors d'une visite à Doha. En attendant, les violences font toujours rage dans le pays : une attaque-suicide visant le gouverneur d'une province a tué huit personnes la veille, tandis qu'un mois plus tôt un attentat visant le convoi du vice-président afghan avait fait de nombreuses victimes.
L'émissaire américain pour l'Afghanistan Zalmay Khalilzad a estimé le 7 octobre que la violence était «trop importante», tout en assurant que les insurgés étaient «assez sérieux au sujet des négociations».
«Beaucoup pensaient qu'ils ne négocieraient pas avec le gouvernement afghan, qu'ils ne voulaient qu'un accord sur le retrait des forces américaines. Mais ils sont maintenant à la même table», a-t-il plaidé lors d'une intervention par vidéo à une conférence du Pearson Institute de l'université de Chicago.
L'intervention en Afghanistan, lancée en octobre 2001, a coûté plus de 1 000 milliards de dollars aux Etats-Unis et la vie à quelque 2 400 militaires américains. Mais même après avoir chassé rapidement du pouvoir les Taliban, accusés d'avoir hébergé Al-Qaïda, l'organisation terroriste responsable des attentats du 11 septembre 2001, la victoire n'a jamais été proche sur le terrain.