Assange : manifestation virtuelle un an après l'incarcération du lanceur d'alerte à Belmarsh
Face à l'impossibilité de manifester dans la rue à cause du Covid-19, les soutiens de Julian Assange, plus déterminés que jamais, vont organiser une manifestation virtuelle pour demander sa libération, un an après son incarcération à Londres.
Un an après l'arrestation de Julian Assange à l'ambassade d'Equateur à Londres où il s'était réfugié durant sept années, une manifestation mondiale en faveur de sa libération se déroulera le 11 avril, mais en ligne en raison de la pandémie de coronavirus. Les organisateurs de l'événement ont promis de fournir aux participants des «bannières virtuelles» qu'ils pourront partager sur les réseaux sociaux. Des conférences sont également organisées, toujours virtuellement, autour de la situation du lanceur d'alerte.
THIS SATURDAY (April 11) marks one year since Julian Assange was arrested.
— Bean🔥 (@SomersetBean) April 8, 2020
Join the world first VIRTUAL MARCH through the internet on 'Free Julian Assange Day'.
Virtual placards will be available on the day on twitter and FB for sharing: https://t.co/2ZKuscQW4O#FreeAssangepic.twitter.com/EXUUBubo7l
En plus de perturber les efforts de ses soutiens, le virus menace désormais directement le fondateur de WikiLeaks détenu en préventive à la prison de haute sécurité de Belmarsh, où un prisonnier a déjà perdu la vie à cause du Covid-19.
«Julian m'a appelé hier»
«Je suis terrifiée pour mon fils Julian, malade et souffrant, affaibli par une persécution prolongée, souffrant d'une maladie pulmonaire chronique, dans une prison britannique infectée», a écrit la mère du lanceur d'alerte, Christine Assange, sur son compte Twitter.
Le 7 avril, au moins 107 personnes réparties à travers 38 prisons d'Angleterre et du Pays de Galles avaient déjà été testées positives au Covid-19, selon des chiffres révélés par la BBC. Le journaliste Vaughan Smith rapporte avoir reçu un appel de Julian Assange le 7 avril. «Julian est maintenant confiné seul dans une cellule pendant 23 heures et demie chaque jour. Il fait une demi-heure d'exercice et c'est dans une cour bondée d'autres prisonniers. Avec plus de 150 agents pénitentiaires de Belmarsh en arrêt de travail, la prison fonctionne à peine», rapporte ce proche du lanceur d'alerte. «Nous savons à ce jour qu'il y a deux décès dus au Covid-19 à Belmarsh, bien que le ministère de la Justice n'ait admis qu'un seul décès. Julian m'a dit qu'il y en avait plus et que le virus se propageait dans la prison», assure Vaughan Smith.
Ces éléments inquiètent particulièrement les supporters de Julian Assange dont la santé est déjà détériorée en raison de ses neuf années d'enfermement. Nils Melzer, rapporteur spécial de l'Onu sur la torture, ne cesse d'alerter sur les symptômes que présente le journaliste australien âgé de 48 ans. Depuis fin 2019, des dizaines de médecins internationaux réclament la libération de Julian Assange qui risquait selon eux de mourir en prison avant même la propagation de l'épidémie.
Il n'est pas libérable car il ne purge pas une peine de prison
Le 25 mars, sa demande de libération conditionnelle a été refusée par la juge Vanessa Baraitser. Comme la France, le Royaume-Uni envisage de libérer provisoirement et sous certaines conditions plusieurs milliers de détenus afin d'enrayer la propagation du coronavirus dans les prisons. Mais Londres a cependant fait savoir à l'agence de presse Australian Associated Press (AAP), le 4 avril, que le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, n'était pas éligible pour bénéficier du plan gouvernemental britannique car il ne purge pas à proprement parler «une peine de prison», étant en détention préventive.
Le fondateur de Wikileaks se trouve actuellement en cellule en attendant l'issue de son procès d'extradition vers les Etats-Unis demandée par Washington. Si cette demande devait aboutir, au moins 17 chefs d'inculpation ont d'ores et déjà été prononcés à son encontre et Julian Assange risque 175 ans de prison. Son crime ? avoir diffusé à partir de 2010 plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, dont des crimes de guerre, notamment en Irak et en Afghanistan.
Meriem Laribi