Mondial 2026 : quand le tirage au sort se noie dans la communication politique
© Jacquelyn Martin Source: APOrganisé le 5 décembre à Washington, le tirage au sort de la Coupe du monde de football 2026 a surtout donné à voir une FIFA engagée dans une démonstration de communication politique assumée. La présence du président américain Donald Trump, les messages géopolitiques appuyés et la mise en scène grandiloquente ont relégué le football au second plan.
Présenté comme un moment fondateur du Mondial 2026, le tirage au sort organisé le 5 décembre au Kennedy Center de Washington a rapidement perdu sa vocation sportive. Dès l’ouverture de la cérémonie, Gianni Infantino a annoncé un « tirage pas comme les autres ». La suite l’a confirmé, mais pour de mauvaises raisons.
Au fil des discours et des vidéos diffusées, l’événement s’est transformé en vitrine politique, marquée par une valorisation appuyée du rôle du président américain Donald Trump sur la scène internationale. La remise d’un « prix de la paix » de la FIFA au président américain, accompagnée d’images et de commentaires sur plusieurs zones de conflit, a profondément brouillé le message d’unité que l’instance prétend défendre au nom du football.
Une mise en scène politique
Cette scénarisation, jugée excessive par de nombreux observateurs, a donné le sentiment d’un usage assumé du football comme support de narration politique, au mépris du contexte réel des crises évoquées et de la neutralité que la FIFA est censée incarner.
La mise en scène n’a rien fait pour atténuer ce malaise. Présence militaire sur scène, séquences vidéo interminables, humour forcé et slogans martelés ont contribué à une atmosphère artificielle, où l’autosatisfaction le disputait à l’embarras. Le tirage des groupes, pourtant au cœur de l’événement, s’est trouvé relégué à l’arrière-plan.
Sur le plan sportif, le nouveau format du Mondial, avec plusieurs équipes qualifiées par groupe, a déjà limité l’enjeu. Quelques affiches ont attiré l’attention, mais sans véritable tension, d’autant que toutes les équipes qualifiées ne sont pas encore connues.
Ce tirage restera surtout comme le symbole d’une FIFA de plus en plus tournée vers le spectacle et la communication politique, au risque de diluer l’essence même du football. En voulant faire du Mondial 2026 un « show à l’américaine », l’instance dirigeante semble avoir oublié que la Coupe du monde n’a jamais eu besoin de mise en scène lourde pour faire vibrer la planète.