Financement du Hezbollah : des réseaux alternatifs face aux pressions

Le Hezbollah, sous pression américano-israélienne, s’appuie sur des entreprises légales en Irak et des sociétés-écrans pour maintenir son financement. Les voies syriennes, comme al-Qaïm, sont surveillées, mais des fonds continuent d’arriver via des stratagèmes. Naïm Kassem insiste sur la résilience du parti.
Depuis la chute du gouvernement syrien de Bachar el-Assad en décembre 2024 et l’intensification des sanctions américano-israéliennes, le Hezbollah fait face à des défis majeurs pour maintenir ses financements et son arsenal militaire.
Des sources proches du parti confirment qu’il continue de payer les salaires de ses combattants et les pensions des familles de martyrs, mais a réduit les dépenses pour les soins médicaux et dentaires, ainsi que le transport scolaire. Une source irakienne révèle que le Hezbollah s’appuie désormais sur des hommes d’affaires libanais en Irak gérant des entreprises légales comme des restaurants, des sociétés d’import-export et des firmes de construction.
Le Hezbollah en pleine crise
Ces activités, notamment dans l’immobilier et les infrastructures, permettent de générer des fonds transférés via des pays tiers, échappant ainsi aux sanctions. Des sociétés-écrans au Liban, parfois enregistrées sous de faux noms, facilitent ces transferts, souvent par des portefeuilles numériques, des cryptomonnaies ou des investissements en or, bien que l’avocat fiscaliste Karim Daher note que ces pratiques deviennent plus difficiles avec les nouveaux règlements.
Les voies traditionnelles d’approvisionnement, comme le corridor syrien via le poste-frontière d’al-Qaïm, sont sous surveillance accrue. En 2025, une demi-douzaine de camions transportant des armes ont été interceptés en Syrie, malgré une coordination entre l’armée libanaise et Damas. Le Hezbollah rcourt à des stratagèmes, comme envoyer des camions de marchandises anodines pour détourner l’attention pendant que d’autres, plus stratégiques, passent la frontière.
Ces tactiques sont cependant de plus en plus rares face à la vigilance des autorités. Un député libanais cite le congressiste américain Joe Wilson, qui, lors d’une visite à Beyrouth en août 2025, a révélé que des « millions de dollars » ont atteint le Hezbollah, Washington cherchant à identifier ces canaux.
Asharq al-Awsat rapporte qu’un responsable iranien a tenté, sans succès, d’obtenir des facilités à al-Qaïm pour transférer des fonds, une requête rejetée par l’Irak pour des raisons de sécurité. Waël el-Maoula, proche du Hezbollah, conteste ces allégations, insistant sur le réseau politico-social solide du parti et son alliance avec Téhéran, que les sanctions n’ont pas brisée.
Naïm Qassem, secrétaire général, admet la perte du corridor syrien mais affirme que de nouveaux moyens sont explorés. Les pressions pour désarmer le Hezbollah, portées par le Liban et soutenues par les États-Unis, compliquent ces efforts, mais le parti conserve une résilience financière via ses réseaux locaux et régionaux.