Finances publiques : la France bientôt plus fragilisée que l’Italie ?

Finances publiques : la France bientôt plus fragilisée que l’Italie ?© Mark Schiefelbein Source: AP
La présidente du Conseil des ministres italien Giorgia Meloni et le président français Emmanuel Macron au sommet du G7, le lundi 16 juin 2025, à Kananaskis, au Canada
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Les marchés financiers considèrent désormais la France et l’Italie sur un pied d’égalité en matière de crédibilité budgétaire. Alors que Rome a réduit son déficit de manière continue, Paris peine à maîtriser ses comptes, au point que ses taux d’emprunt pourraient bientôt dépasser ceux de son voisin transalpin.

Pendant longtemps, l’Italie a été considérée comme l’élève indiscipliné de la zone euro. En 2011, ses obligations d’État étaient si risquées aux yeux des investisseurs qu’elles affichaient jusqu’à 4 % d’intérêt supplémentaire par rapport à la dette française. Aujourd’hui, l’écart s’est presque entièrement effacé : à la mi-août, la différence n’était plus que de quelques points de base pour les titres à dix ans, et nulle pour les emprunts à cinq ans.

Ce basculement reflète deux trajectoires opposées. En trois ans, Rome a réduit progressivement son déficit public, passé de près de 9 % du PIB en 2020 à 3,4 % en 2024. La France, après une brève amélioration post-Covid, a vu son déficit repartir à la hausse pour atteindre 5,8 % l’an dernier. Les agences de notation ont pris acte de ces évolutions : S&P a relevé la note de l’Italie au printemps, tandis que Moody’s envisage une révision positive.

Stabilité politique contre incertitudes françaises

Un autre facteur joue en faveur de l’Italie : une stabilité politique inattendue. Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, Giorgia Meloni semble en mesure d’achever son mandat sans changement de majorité, une première depuis des décennies. En France, en revanche, l’instabilité domine. Le gouvernement de François Bayrou, affaibli par l’absence de majorité parlementaire et une impopularité record, reste vulnérable. Depuis 2020, Paris a déjà connu six chefs de gouvernement.

Cette visibilité politique italienne rassure les investisseurs, même si elle s’accompagne d’une ligne de gouvernement qualifiée d’autoritaire. « La confiance prime sur la couleur politique », résume un économiste.

Les choix budgétaires de Rome

Rome a entrepris plusieurs réformes impopulaires mais efficaces : suppression progressive du « superbonus » pour la rénovation énergétique, fin du revenu de citoyenneté instauré en 2019, réduction des aides énergétiques mises en place après la guerre en Ukraine. Résultat : une baisse des dépenses publiques de 3,6 % en 2024, soutenue par de meilleures recettes fiscales et un marché du travail proche du plein-emploi.

Ce redressement, salué par Bruxelles, doit encore se confirmer. L’Italie vise un déficit de 2,6 % en 2027, ce qui permettrait de sortir de la procédure de déficit excessif engagée par l’Union européenne.

Des fragilités persistantes

Pour autant, les atouts de l’Italie ne suffisent pas à masquer ses difficultés structurelles : dette publique de 138 % du PIB (contre 114 % pour la France), croissance faible, faible taux d’emploi des femmes et déclin démographique marqué. En 2024, le pays a enregistré seulement 370 000 naissances, un niveau historiquement bas, tandis qu’un quart de la population a plus de 65 ans.

Les économistes soulignent aussi que l’amélioration récente repose sur une conjoncture favorable – inflation et emploi élevés – qui pourrait ne pas durer. Si la croissance ralentit, la trajectoire de réduction de la dette pourrait s’avérer illusoire.

La France sur la sellette

De son côté, la France inquiète par son incapacité à inverser la tendance. Le déficit public, prévu à 4,9 % du PIB en 2026 selon Moody’s, reste bien au-delà des objectifs fixés par le gouvernement. L’absence de marges budgétaires fragilise aussi la capacité de Paris à répondre à la montée des dépenses militaires ou aux chocs extérieurs, tels que les nouvelles barrières douanières imposées par Washington.

À court terme, la perspective d’une France empruntant plus cher que l’Italie n’est plus exclue. Pour les marchés, le symbole serait fort : il marquerait la fin d’un cycle où la dette française faisait figure de valeur refuge face aux incertitudes italiennes.

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