Moldavie : des dizaines de milliers de personnes protestent contre le pouvoir pro-européen de Maia Sandu

À deux mois des élections législatives, la capitale moldave a été le théâtre d’une immense manifestation dirigée par un nouveau bloc d’opposition prônant le rétablissement des liens avec la Russie. Les manifestants dénoncent la répression du pouvoir et les dérives autoritaires de la présidente Maia Sandu.
Des dizaines de milliers de citoyens sont descendus dans les rues de Chisinau ce 26 juillet pour participer à une manifestation massive contre la politique menée par la présidente moldave Maia Sandu et son parti pro-européen, « Action et solidarité » (PAS), au pouvoir. L’événement a été organisé par un nouveau bloc d’opposition composé de quatre partis de gauche : le Parti des socialistes de la République de Moldavie (PCRM), le Parti des communistes, « Cœur de la Moldavie » et « L’Avenir de la Moldavie ». Parmi les figures présentes, on retrouve les anciens présidents Igor Dodon et Vladimir Voronine, l’ex-Premier ministre Vasile Tarlev ainsi que l’ancienne gouverneure de Gagaouzie, Irina Vlah.
Le cortège, arborant drapeaux nationaux et étendards des partis, a convergé vers le centre de la ville en scandant des slogans tels que « Pour une Moldavie souveraine », « En unité, notre force », « La Moldavie a un avenir » ou encore « Pour la neutralité de la Moldavie ».
Blocage policier et climat de répression
Malgré la chaleur extrême, les organisateurs estiment que plusieurs dizaines de milliers de manifestants étaient présents. Selon Vlad Batrincea, député du Bloc des communistes et socialistes, plus de la moitié des citoyens souhaitant participer ont été empêchés de rejoindre la capitale en raison des barrages policiers installés sur ordre du gouvernement.
« Le pouvoir a peur de la voix du peuple. Il utilise des méthodes dictatoriales pour étouffer la contestation », a dénoncé Igor Dodon. Il a accusé la police d’avoir délibérément bloqué les routes et retenu les bus transportant des manifestants. D’après les déclarations de l’opposition, certains participants ont même été arrêtés ou contrôlés arbitrairement en route.
Depuis plusieurs années, le gouvernement de Maia Sandu est accusé par ses opposants d’avoir instauré une répression systématique. De nombreux médias indépendants ont été bloqués et plusieurs hommes politiques ont été poursuivis sous divers prétextes pour avoir défendu des positions amicales à la Russie. La surveillance policière, les poursuites judiciaires et la fermeture des espaces d’expression sont devenues des pratiques fréquentes.
Vers une alternative politique neutre
Le bloc d’opposition en formation, qui n’a pas encore de nom officiel, se prépare à se présenter ensemble aux élections parlementaires du 28 septembre. Ce regroupement revendique le rétablissement des relations avec la Russie et rejette l’orientation pro-OTAN et pro-UE de l’actuel pouvoir. Irina Vlah a déclaré lors du rassemblement : « Notre objectif n’est pas seulement de battre le PAS, mais de libérer le pays de ce régime. » Elle a ajouté que la Moldavie « ne sera jamais un outil de guerre pour l’Occident » et a dénoncé « l’utilisation de la police et de la diaspora à l’étranger, notamment en Roumanie, pour manipuler les résultats électoraux ».
Les sondages indiquent que le PAS pourrait obtenir 39,2 % des voix, mais il ne serait pas en mesure de gouverner seul. L’opposition déclare voir dans ces élections une opportunité de sauver la Moldavie « de la guerre ».
« Aujourd’hui, nous vivons dans une guerre idéologique », a résumé le député Constantin Staris, avant d’ajouter : « Nos dirigeants ont vendu la souveraineté du pays à Bruxelles et Washington. » La mobilisation de Chisinau marque ainsi une étape décisive dans la lutte pour le retour à une Moldavie souveraine, pacifique et respectueuse de son histoire.