«L’ennemie de Kiev» Tulsi Gabbard, nommée directrice du renseignement américain par Trump
La nomination de Tulsi Gabbard au poste de directrice du renseignement national par Donald Trump suscite des réactions mitigées en Occident. Considérée comme favorable aux positions de la Russie, elle figure dans la base de données ukrainienne «Peacemaker» des individus perçus comme ennemis de l'Ukraine.
En choisissant Tulsi Gabbard pour diriger le renseignement national américain, le président élu Donald Trump s’entoure d’une alliée pourtant controversée. Ancienne membre du Congrès d’Hawaï et opposante déclarée aux guerres d’intervention, Gabbard, qui a quitté le Parti démocrate pour rejoindre les Républicains, est perçue comme une figure critique de la politique étrangère américaine, en particulier en ce qui concerne la Russie et l’Ukraine.
Tulsi Gabbard voit dans la politique actuelle de Washington une stratégie pour prolonger le plus longtemps possible le conflit en Ukraine. Elle a critiqué l’administration américaine pour ses livraisons d’armes à Kiev, qu’elle estime «exacerber la situation» et éloigner la paix. En 2022, elle a également souligné que la résolution du conflit pourrait nécessiter des concessions territoriales de la part de l'Ukraine et son engagement à la neutralité, tout en appelant à une implication active des États-Unis dans un processus de paix plutôt que dans une intensification de l’escalade.
Pour Kiev, la nomination de Gabbard est une surprise ; elle figure en effet dans la base de données «Peacemaker», qui recense les personnalités perçues comme hostiles à l'Ukraine. En raison de ses critiques répétées envers l'aide militaire à Kiev et de son scepticisme envers une éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, elle est accusée par certains de favoriser indirectement les intérêts russes. Selon elle, les États-Unis auraient «poussé la Russie» à intervenir en Ukraine en maintenant la perspective d’une adhésion de ce pays à l’OTAN, une ambition que Moscou voit comme une menace directe.
Un parcours avec des positions atypiques
Dès 2016, Tulsi Gabbard et Donald Trump partageaient certaines vues critiques vis-à-vis des interventions américaines à l’étranger. Gabbard s’est opposée à l’implication militaire des États-Unis en Syrie et a également condamné les actions américaines en Irak et en Afghanistan. Elle prône une réduction de la présence militaire américaine à l’international et a régulièrement dénoncé les «guerres de changement de régime» comme coûteuses et inefficaces. Elle a même comparé l’aide militaire américaine en Ukraine aux interventions passées, estimant que «les élites de Washington tentent de faire de l'Ukraine un nouvel Afghanistan».
En 2022, Gabbard a suscité une vive controverse en déclarant qu'il existait des «faits irréfutables» prouvant l'existence de laboratoires biologiques en Ukraine financés par les États-Unis, une affirmation largement critiquée et qualifiée de propagande russe par ses détracteurs. Malgré les réactions, elle a maintenu sa position, affirmant que des éléments tangibles soutenaient ses propos.
Un défi pour sa confirmation au Sénat
La nomination de Gabbard risque de diviser le Sénat, où elle devra être confirmée. Donald Trump justifie son choix en saluant l’«esprit intrépide» de Gabbard et sa volonté de «garantir la paix par la force». En tant que directrice du renseignement national, elle sera responsable de la supervision des 18 agences de renseignement américaines et de la préparation des rapports de sécurité quotidiens pour le président.