Pour Borrell, les médias de l’Union européenne devraient apprendre de RT

Les médias de l’UE doivent adopter les outils développés par la chaîne russe s’ils espèrent gagner la «bataille des récits», a estimé le 23 janvier le chef de la diplomatie européenne.

Les médias européens devraient s’inspirer de RT s’ils veulent être entendus hors de l’Occident, a déclaré le 23 janvier Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne. En particulier, il a qualifié la chaîne russe d’exemple remarquable de travail réussi dans le monde arabe.

Le Haut représentant pour les Affaires étrangères s’exprimait lors d’une conférence visant à lutter contre la désinformation, la manipulation et l’ingérence étrangère, d’après le service diplomatique européen qui a organisé l’événement. Josep Borrell a critiqué l’approche des médias européens centrée sur l’Occident en affirmant qu’elle ne fonctionnait tout simplement pas.

«Nous croyons que tout le monde parle anglais ou français», a-t-il fait remarquer, ajoutant qu’ainsi l’Union ne parvenait pas à atteindre les millions de personnes qui parlent arabe ou chinois. Ensuite, le responsable européen a constaté que RT ne rencontrait pas ce type de problèmes.

«L’autre jour, à l’aéroport du Caire, il y avait partout des publicités de RT en arabe. RT s’est installé dans le monde arabe et se présente comme une bonne source d’information en arabe. Nous devons faire la même chose : parler et adopter la même langue», a fait savoir Josep Borrell.

Il a également mis l’accent sur la présence de plus en plus forte du média russe en Afrique subsaharienne, estimant qu’il exerce une influence sur les opinions des habitants du continent «au détriment des pays occidentaux». Borrell a souligné que l’Occident s’était engagé dans une «bataille des récits» avec la Russie, précisant que cette bataille devait «être gagnée». À cette fin, l’Union européenne a besoin de moyens efficaces, de «capacités, d’outils et de personnes dévouées», a-t-il affirmé.

Concurrencer RT : «Une question de sécurité», selon Borrell

«Désolé de le dire mais nous avons besoin de gens qui parlent non seulement anglais mais aussi arabe, hindi, chinois et des langues parlées par des centaines de millions de gens qui ne font pas partie de notre culture linguistique traditionnelle», a-t-il déclaré, appelant la concurrence avec les médias russes «une question de sécurité».

L’Occident considère depuis longtemps RT comme une menace apparemment puissante. Depuis le printemps 2022, la chaîne est interdite de diffusion sur YouTube et les plateformes du géant technologique américain Meta, y compris Facebook et Instagram.

De nombreux pays européens ont également exigé que les services de télévision et d’autres plateformes interdisent la diffusion du contenu de RT sur leur territoire. Même avant le conflit, la chaîne RT en allemand, appelé RT DE, a été confrontée à une bataille juridique difficile pour diffuser en Allemagne. Les banques nationales ont refusé de travailler avec la chaîne, les régulateurs de Berlin ayant menacé de poursuites judiciaires quand elle a finalement commencé à diffuser depuis la Serbie en décembre 2021.

RT DE a fini par être bloquée par des régulateurs allemands en février 2022, un mois avant que la Commission européenne n’ordonne l’interdiction de toutes les chaînes et de tous les sites web de RT partout dans l’Union européenne. En 2022, les médias occidentaux ont également tiré la sonnette d’alarme sur l’expansion des médias russes dans les pays du Sud. L’année dernière, RT figurait sur la liste des menaces de sécurité de Washington.

En 2023, RT a lancé une grande campagne de promotion dans diverses régions du monde sous le slogan : «Ils pensent que vous croyez. Nous croyons que vous pensez.» Son objectif était de mettre en évidence la présence mondiale de la chaîne ainsi que de remettre en question de nombreux récits occidentaux tant sur la Russie que sur les pays du Sud.