«Il n'y a pas de zone de non-droit à Marseille» : la préfète de police défend son bilan
Interrogée par BFMTV, la préfète de police des Bouches-du-Rhône a affirmé qu'il n'y aurait pas «de zone de non-droit à Marseille». L'association de policiers en colère UPNI voit rouge et dénonce une gesticulation politique.
Alors qu'une deuxième visite du président de la République en seulement un mois est annoncée pour les 15 et 16 octobre dans la cité phocéenne, la préfète de police des Bouches-du-Rhône Frédérique Camilleri a affirmé au micro de BFMTV qu'il n'y aurait pas «de zone de non-droit à Marseille».
«Les policiers interviennent à Marseille tous les jours partout et très clairement, la police est partout chez elle dans les cités marseillaises. [...] Il n'y a pas de zone de non-droit à Marseille et c'est un travail quotidien de pilonnage de ces trafics de stup que nous menons avec les policiers de Marseille», argumente la fonctionnaire avant de souligner également que 1 000 trafiquants ont été interpellés depuis le début de l'année 2021 et 400 armes saisies.
Le plan «Marseille en grand» en toile de fond
La pression médiatique est forte sur le gouvernement qui souhaite démontrer la qualité de l'effort accompli sur place avec l'objectif de la présidentielle en ligne de mire et l'annonce récente d'un plan «Marseille en grand» budgété à hauteur de 1,5 milliard d'euros dans les domaines de la sécurité, de l'éducation, du transport, de l'habitat et des hôpitaux.
Un autre préfet (en plus des préfets de police et de région) a même été nommé en Conseil des ministres début octobre pour assurer au pouvoir central que ce plan serait mené à bien.
Les propos de la préfète de police suscitent pourtant un sourire amer du côté de l'Union des policiers nationaux indépendants (UPNI) par la voix de son porte-parole l'ancien commandant Jean-Pierre Colombiès.
La préfète n'évoque pas les mineurs de 12 ou 14 ans qui font les mules pour les trafiquants
Auprès de RT France, cet ancien des quartiers nord de Marseille qui y a grandi et travaillé pour la police nationale a réagi à propos de ces déclarations : «Elle me fait rire la pauvre préfète avec ses chiffres... A l'écouter, Emmanuel Macron n'aurait même pas besoin de revenir à Marseille puisqu'ils ont arrêté tous les dealers !» «Elle a la pression sur son poste, alors elle rend compte de son activité comme elle peut, mais nous savons très bien que ces chiffres n'ont malheureusement aucun impact sur le trafic réel. On se croirait au temps de la prohibition aux Etats-Unis quand on photographiait des policiers qui détruisaient des fûts de bière, mais cela ne résout rien ! Macron est venu, Macron va revenir... et alors ? C'est nul et non avenu, c'est de la gesticulation politique, du spectacle, c'est le Macron show qui continue», déplore-t-il également.
L'ancien commandant de police fustige aussi les procédures pénales qu'il estime défaillantes : «La préfète n'évoque pas les mineurs de 12 ou 14 ans qui font les mules pour les trafiquants dans les cités parce qu'ils ne risquent rien ! Ils n'apparaissent nulle part ceux-là et n'entrent dans aucune case de la préfète.» «Qu'elle aille dans des cités comme Félix Pyat ou la Castellane à la tombée du jour, sans escorte policière, elle verra s'il n'y a plus de zone de non-droit à Marseille ! La loi de la République n'a plus cours dans certains secteurs de la ville, c'est terminé. La preuve, c'est qu'on a besoin de compagnies de CRS entières pour sécuriser certaines zones alors que ce n'est pas leur métier de faire de la police du quotidien ou de l'anti-stup», conclut-il avec exaspération.
Antoine Boitel