France : une enquête administrative ouverte après les révélations sur les violences de gendarmes à Sainte-Soline
À la suite de la diffusion par Libération et Mediapart de vidéos montrant des gendarmes donnant des consignes de « tirs tendus » contre des manifestants lors de la mobilisation de Sainte-Soline en mars 2023, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a ordonné l’ouverture d’une enquête administrative.
Quelques heures après la publication d’images extraites des caméras-piétons de gendarmes présents à Sainte-Soline le 25 mars 2023, le ministère français de l’Intérieur a annoncé, le 5 novembre, l’ouverture d’une enquête administrative. Ces séquences, rendues publiques par Libération et Mediapart, montrent des membres des forces de l’ordre incitant à tirer des grenades de manière illégale sur les manifestants opposés au projet de mégabassine.
Selon Libération, la gendarmerie nationale détenait ces enregistrements depuis les faits, sans avoir engagé de procédure disciplinaire. L’administration aurait pourtant pu consulter les images dans le cadre du droit existant. Une enquête judiciaire avait déjà été ouverte à l’époque par le parquet de Rennes pour « violences aggravées » et « non-assistance à personne en danger », après les blessures graves subies par plusieurs manifestants.
Les victimes dénoncent une enquête expéditive
Les plaignants, représentés par leurs avocats, dénoncent désormais « la manière dont a été conduite » l’enquête initiale, qu’ils estiment « orientée vers un classement sans suite ». Dans un communiqué, ils affirment détenir « les preuves audio et vidéo » que les violences résultaient « d’un ordre institutionnel » et non d’initiatives individuelles.
Un collectif de 70 victimes, ayant saisi le Défenseur des droits, critique également la conduite des investigations confiées à l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), estimant qu’elle a « laissé de côté de nombreux éléments ».
Les réactions politiques se sont rapidement multipliées. Le mouvement Les Soulèvements de la Terre, organisateur de la manifestation interdite de mars 2023, a accusé les forces de l’ordre d’avoir « assumé le risque de mutiler et de tuer ». La députée de La France insoumise Clémence Guetté a, pour sa part, demandé la création d’une enquête parlementaire « pour que tous les responsables s’expliquent », tandis que Marine Tondelier, cheffe des Écologistes, a dénoncé des faits « d’une gravité inqualifiable ».