Quand le Parti socialiste joue la carte du compromis et s'attire la grogne de LFI
© Getty ImagesLe PS choisit le compromis budgétaire plutôt que la confrontation avec l’exécutif, déstabilisant la gauche radicale. Cette stratégie vise à positionner le parti comme alternative modérée mais suscite des doutes sur sa fidélité aux valeurs de gauche. L’enjeu est crucial : retrouver de la crédibilité sans perdre son identité.
À l’approche du vote décisif du budget 2026, le Parti socialiste a surpris en optant pour une stratégie de compromis avec le gouvernement, plutôt que de s’aligner sur les positions de la gauche radicale. Alors qu'Olivier Faure parle désormais d’« alternative » et propose un plan moins ambitieux mais plus crédible que celui du bloc progressiste, cette posture a semé le désarroi parmi les partis de gauche et au sein du PS lui-même.
En privilégiant la voie de la « responsabilité » budgétaire plutôt que la rupture, le PS espère jouer un rôle central dans le prochain scrutin. Mais ce choix le place dans un dilemme : rester fidèle à ses valeurs de gauche ou envisager des compromis avec un exécutif qu’il critique.
Faure répond à Mélenchon
Dans ce contexte, les reproches fusent. En déplacement à Choisy-le-Roi dans le Val-de-Marne, Jean-Luc Mélenchon a estimé que les députés du Parti socialiste « ont changé d'alliance » au profit du gouvernement de Sébastien Lecornu. « Je ne sais pas de quoi il parle et de toute façon ce qu'il dit a, pour moi, assez peu d'intérêt. Chacun sait ici qu'il n'y a aucun accord entre le gouvernement et les socialistes », a répondu Olivier Faure le 3 novembre.
Le secrétaire du PS ajoute : « Je souhaite qu'il y ait un débat qui soit le plus clair possible et qui permettre de faire apparaître à la fois une droite et une gauche qui cherchent à certains moments des compromis et des points de passage. Jean-Luc Mélenchon devrait lui-même s'intéresser aux votes de ses propres amis », a lancé le socialiste.
En effet, pour certains, le PS abandonne la perspective d’une véritable transformation sociale, au profit d’une « gestion » intermédiaire. Le risque est double : perdre son électorat historique à gauche et n’être pas reconnu comme alternative crédible au centre-droit. Le compromis budgétaire envisagé pourrait ainsi s’interpréter comme un pari stratégique majeur, mais aussi comme une grave erreur de lisibilité pour un parti déjà fragilisé.
La gauche dans son ensemble se retrouve dès lors face à un casse-tête. Pendant ce temps, le gouvernement joue la montre, comptant sur ce flou pour faire passer son budget.