«Si ce n'était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde» : à Mayotte, Emmanuel Macron provoque la polémique

Le déplacement d’Emmanuel Macron à Mayotte a été émaillé d’échanges houleux avec des habitants de l’archipel. Les oppositions, ainsi qu'une partie de la presse, ont reproché au président son attitude auprès des populations sinistrées.

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«Message à celles et ceux qui estiment qu’il ne doit surtout pas partir : qui imagine cela encore possible 30 mois ?». Sur son compte X, le président de la Commission des finances à l’Assemblée nationale Éric Coquerel (La France insoumise) s’est agacé des propos du président de la République devant des populations sinistrées à Mayotte.

Le 19 décembre, entouré de Mahorais, Emmanuel Macron a déclaré : «Vous êtes contents d'être en France. Parce que si ce n'était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde». 

«On ne peut pas vouloir être un département français et dire que ça ne marche pas avec la France !», a-t-il ajouté avant d'enchaîner : «Quel est l’autre territoire, dans cette région comme ailleurs, où on livre de l’eau, du fret, des soignants comme on le fait ici ? Alors il faut que tout le monde se respecte !»

Des propos qui ont suscité de nombreuses réactions dans la presse et parmi les oppositions.

«La France mérite mieux que ça» 

«Un archipel dévasté, Macron au mégaphone, les manches retournées. Et un président qui jamais n'irait tenir les mêmes propos en Aveyron ou en Alsace : Mayotte mérite mieux que ça. La France mérite mieux que ça», a estimé sur le réseau social X le député du Nouveau Front Populaire (NFP) François Ruffin.  

Sur France Info, le député écologiste Benjamin Lucas s’est emporté : «le Président Macron engueule des gens qui ont tout perdu et qui souffrent depuis longtemps d’un abandon de l’État vis-à-vis de ce territoire, le plus pauvre de la République. Pour qui se prend-il ? C’est hallucinant !».

«Emmanuel Macron, petit maître colon à Mayotte» titre une tribune publiée par le quotidien Libération, cosignée par le président du Conseil représentatif des associations noires et une élue marseillaise. Même vocabulaire du côté de la porte-parole de la Lutte ouvrière Nathalie Arthaud, qui réécrit sur X la fameuse réplique des Tontons flingueurs : «Les c(ol)ons, ça ose tout, c'est d'ailleurs à ça qu'on les reconnaît».

«Leur colère est légitime !»

À droite, la députée Hélène Laporte du Rassemblement national (RN), formation qui réalise un très bon score dans l’archipel, a fustigé les propos présidentiels : «Ce qui est irrespectueux c’est de ne rien avoir fait en 7 ans pour améliorer le quotidien des Mahorais. Leur colère est légitime !».

Le porte-parole du RN Sébastien Chenu a abondé dans ce sens, affirmant que les Mahorais «ont toutes les raisons de "râler"» et ajoutant : «Quand nous avions proposé de voter 50 millions d'euros pour structurer le réseau d'eau potable à Mayotte, tous les partis politiques ont voté contre».

Après avoir prolongé son séjour d'un nuit à Mayotte, le président français est attendu ce 20 décembre au soir à Djibouti, dernière emprise opérationnelle française en Afrique dont l’armée française se retire peu à peu depuis l'arrivée à l'Élysée d’Emmanuel Macron.