Budget 2025 : Barnier «crée les conditions d'une motion de censure», estime le vice-président du RN
Des voix s'élèvent au Rassemblement national en faveur d'une motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier, une hypothèse qui jusqu'à présent semblait exclue. Additionné aux voix de gauche, le parti pourrait faire tomber l'exécutif.
«Michel Barnier crée les conditions d'une motion de censure». Sur le plateau d'Europe 1 et Cnews, ce 18 novembre, le vice-président du Rassemblement National (RN) Sébastien Chenu a fait valoir la colère de son parti et évoqué la «désinvolture» de la majorité gouvernementale «parce qu’ils savaient qu’à la fin, ils déclencherait […] le 49-3, pas de vote sur ce budget».
Les Macronistes et LR ne sont pas venus voter lors du budget. Laurent Wauquiez était présent durant 6% des votes seulement ! Avec un tel budget néfaste pour les Français, Michel Barnier crée les conditions d'une motion de censure. @CNEWSpic.twitter.com/PVYORG7oA2
— Sébastien Chenu (@sebchenu) November 18, 2024
Une déclaration qui marque un tournant alors que le RN rechignait jusqu’à présent à voter une motion de censure contre le gouvernement.
«Michel Barnier a choisi le chemin de la censure du Rassemblement national» affirmait déjà, le 14 novembre, le député Jean-Philippe Tanguy sur le plateau de BFM TV. «Il avait promis la justice fiscale, et l’essentiel des mesures fiscales touche les classes populaires et moyennes. Il avait promis la réduction des déficits, et on va avoir un déficit à 5,3% du PIB» avait déclaré cet élu de la Somme.
Acculé par la gauche… Et les études d’opinion ?
Marine Le Pen s'est jusqu'à présent refusé d'inviter son groupe à voter en faveur des motions de censure du Nouveau Front Populaire (NFP), provoquant la colère de la gauche qui accusait alors le RN de «sauver» Emmanuel Macron. À ces critiques s’en sont ajoutées d’autres, sur le refus du RN de voter en faveur d’une procédure de destitution du président Macron.
Interrogée sur le revirement de Marine Le Pen, concernant la motion de censure, Sandrine Rousseau, députée Les Ecologistes a estimé le 18 novembre que RN «utilise la motion de censure comme un opportunisme politique c'est-à-dire qu'ils le font parce qu'ils sont en difficulté».
Le parti dirigé par Marine Le Pen à l’Assemblée nationale a également vu son électorat pousser en faveur d’une motion de censure. Ainsi, un sondage Ifop a-t-il révélé le 15 novembre que «57% des sympathisants RN sont favorables à ce que leurs députés votent la motion de censure».
👉Les sympathisants des différents partis politiques ne sont pas forcément en phase avec les votes de leurs représentants à l’Assemblée nationale : 57% des sympathisants RN sont favorables à ce que leurs députés votent la motion de censure, et seuls 50% des sympathisants… pic.twitter.com/bDQQhC3RtW
— Ifop Opinion (@IfopOpinion) November 15, 2024
L’examen du budget à l’Assemblée n’a vu aucun amendement du RN être adopté par la Chambre basse. Le député Jacobelli a même regretté dans les colonnes du Point, le 15 novembre, que «même ceux allant dans le sens d’économies» ont été évincés.
Le volet «recette» du budget 2025, largement remanié par la gauche, a été rejeté le 12 novembre par une majorité de députés. Le texte se trouve désormais en examen au Sénat et devrait revenir devant l’Assemblée nationale mais sans faire l’objet d’un vote définitif, le gouvernement Barnier se réservant le choix d’avoir recours au 49-3, c’est-à-dire d’engager la confiance de l’exécutif en échange d'un passage en force sur ce texte.