Algérie-Turquie : accord préférentiel en vue de booster les échanges
L’Algérie et la Turquie veulent renforcer leur partenariat économique, au moment où les relations commerciales algéro-européennes traversent une zone de turbulences. La visite à Alger du vice-président turc, Cevdet Yılmaz, a été l’occasion de multiplier les annonces dans ce sens, avec notamment un «accord préférentiel» prévu pour bientôt.
Le vice-président turc Cevdet Yılmaz est arrivé en Algérie à la tête d’une importante délégation de responsables politiques et d’hommes d’affaires qui ont pris part, le 24 juin, à un forum d’affaires algéro-turc, ainsi qu’à la Foire internationale d’Alger (FIA), événement économique annuel de la capitale algérienne dont la Turquie est, cette année, l’invitée d’honneur.
Plus tôt dans la journée, l’agence de presse officielle algérienne APS avait rapporté que Cevdet Yilmaz avait été reçu par le président algérien Abdelmadjid Tebboune au palais présidentiel à Alger, où les deux dirigeants ont présidé une «rencontre élargie» entre les délégations des deux pays.
Quelque 300 opérateurs économiques algériens et 200 autres de Turquie étaient présents, par ailleurs, au forum d’affaires algéro-turc, dont l’ouverture a été présidée par les ministres du Commerce des deux pays, Tayeb Zitouni et Ömer Bolat.
Cités par les agences de presse, l'algérienne APS et la turque Anadolu, les deux dirigeants ont annoncé qu’Alger et Ankara devraient entamer prochainement la négociation d’un «accord commercial préférentiel» à même d’augmenter le volume d’échanges entre les deux pays.
Une «bonne nouvelle»
Une «bonne nouvelle», a martelé Ömer Bolat en annonçant que les négociations sur l’accord commercial préférentiel entre les deux pays allaient commencer «très bientôt». La Turquie et l'Algérie avancent «de manière déterminée» pour atteindre «l'objectif de 10 milliards de dollars de volume commercial» entre les deux pays, a ajouté le ministre turc.
Son homologue algérien a expliqué pour sa part que les échanges commerciaux ne reflétaient pas «la forte relation politique qui lie les deux pays frères». Alger et Ankara vont œuvrer à l'augmentation de ces échanges, «conformément aux orientations des présidents des deux pays», a insisté Tayeb Zitouni.
La conclusion d’un accord préférentiel devrait booster davantage les échanges algéro-turcs, qui se sont situés en 2023 à 6,3 milliards de dollars, a pour sa part précisé Ömer Bolat.
Tensions entre Alger et Bruxelles, Ankara à l'affût
L’annonce survient alors que les relations commerciales entre l’Algérie et l’Union européenne traversent une zone de turbulences. Le 14 juin, la Commission européenne a engagé une procédure contre l’Algérie sur les mesures prises par le gouvernement algérien pour réguler les importations et les investissements européens.
Un nouvel épisode de crispation entre Alger et Bruxelles, dont Ankara pourrait bien profiter.
L’accord préférentiel entre l’Algérie et la Turquie avait fait l’objet d’une déclaration signée en novembre 2023 entre les ministres du Commerce des deux pays à l’occasion du Conseil de coopération de haut niveau Algérie-Turquie organisé à Alger sous la présidence des présidents Abdelmadjid Tebboune et Recep Tayyip Erdoğan.
Les deux pays font tout depuis pour favoriser le développement de leur partenariat économique et leurs échanges en tout genre. En mai dernier, un accord bilatéral a levé les restrictions sur les vols entre l'a Turquie et l'Algérie, portant leur nombre de 35 à 80 par semaine.
6 milliards de dollars d’investissements turcs
En dehors du secteur des hydrocarbures, les opérateurs turcs, avec 6 milliards de dollars, sont ceux qui investissent le plus et créent le plus d’emplois en Algérie, a soutenu Ömer Bolat, rappelant que les entreprises turques avaient entamé 636 projets en Algérie d’une valeur totale de 21,3 milliards de dollars.
Des entreprises fortement présentes en Algérie, certaines ayant effectué des investissements dans de grands projets, comme le complexe sidérurgique Tosyali d’Oran et le complexe textile Tayal de Relizane.
Parmi les secteurs identifiés pour booster l’investissement mutuel entre les deux pays figurent les énergies renouvelables, l’hydraulique, l’énergie et les mines et la mécanisation agricole.
Les échanges commerciaux entre les deux pays se sont situés en 2023 à un peu plus de 6 milliards de dollars. L’Algérie a exporté pour plus de 3,5 milliards de dollars vers la Turquie, essentiellement des hydrocarbures, et en a importé pour plus de 2,5 milliards de marchandises diverses.