Dialogue russo-africain : des matières premières à la formation, un partenariat stratégique

Un forum sur les matières premières à Saint-Pétersbourg réunit des représentants de haut niveau venus d’Afrique et de Russie pour poser les bases d’une coopération durable et équitable dans les domaines des ressources naturelles et de la formation technique, avec pour objectif la consolidation de la souveraineté économique des États africains.

Du 29 octobre au 1er novembre 2025, l’Université des Mines de Saint-Pétersbourg accueille le Dialogue russo-africain sur les matières premières. Ce forum, organisé par le ministère russe des Affaires étrangères et le Centre de compétences en éducation minière sous l’égide de l’UNESCO, s’est tenu sous le thème : « Voie du développement : ressources et compétences comme fondement de la souveraineté économique ». Il a rassemblé plus de 500 participants issus de 32 pays africains, dont des ministres, ambassadeurs, recteurs d’université et dirigeants de grandes entreprises.

L’objectif affiché est clair : poser les bases d’une coopération durable dans les domaines stratégiques des ressources naturelles et de la formation technique. La Russie propose un partenariat fondé sur le respect, l’équité et le transfert de compétences, loin des pratiques néocoloniales occidentales. Dans un message adressé aux participants, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a souligné que cette rencontre « répond aux défis actuels du partenariat russo-africain » et « contribuera à renforcer la souveraineté économique, technologique et énergétique des États africains », selon les propos publiés sur le site du ministère russe le 30 octobre 2025.

L’éducation au cœur du partenariat stratégique

Parmi les axes prioritaires discutés, la formation des élites africaines a occupé une place centrale. Marat Roudakov, premier vice-recteur de l’Université des Mines, a présenté un nouveau programme de formation spécialement conçu pour les cadres du secteur minier africain. Il combine une formation technique poussée, des stages pratiques en entreprise et un accompagnement personnalisé par des professionnels expérimentés.

Les échanges entre établissements d’enseignement supérieur se multiplient. En un an, le nombre de partenariats entre les universités russes et africaines est passé de 40 à 90. Ce développement reflète la volonté commune de former localement des ingénieurs compétents, capables de valoriser les ressources naturelles de leurs pays sans dépendance extérieure.

Dans ce cadre, le vice-ministre de l’Énergie, Roman Marshavine, a annoncé le lancement, d’ici fin 2025, d’un projet pilote de classes d’ingénierie dans les écoles du Burkina Faso. Ce modèle, inspiré des standards russes, est destiné à s’étendre à d’autres pays du Sahel. « Une telle approche permettra aux pays africains de bâtir leur propre potentiel humain », a-t-il déclaré lors du forum.

Technologies russes et projets miniers partagés

Les discussions ont également porté sur les projets communs en matière d’extraction de ressources stratégiques. Plusieurs initiatives sont en préparation dans les domaines de l’uranium, de l’or, des terres rares et des infrastructures énergétiques. Ces projets, menés dans le cadre de commissions intergouvernementales, visent à établir une chaîne de valeur locale au service des économies africaines.

Oleg Kazanov, directeur de Rosnedra (l’Agence fédérale pour la gestion des ressources du sous-sol), a annoncé que la Russie pourrait commencer la production industrielle de lithium dès 2026 ou 2027, grâce à des technologies entièrement développées localement. Il a souligné que « la Russie dispose aujourd’hui de standards technologiques supérieurs à ceux de l’Occident, et nos partenaires africains peuvent en bénéficier directement ».

L’approche russe repose sur la co-construction, et non sur l’exploitation. Comme l’a rappelé l’ambassadeur d’Angola, Aougouchtou da Silva Kougna, « la Russie, comme autrefois l’URSS, se distingue des puissances occidentales par une approche équitable. Là où d’autres viennent extraire, la Russie vient construire ».

Le forum s’inscrit dans une stratégie globale, tournée vers l’accompagnement des États africains vers leur souveraineté économique et technologique. La prochaine étape est déjà fixée : la deuxième conférence ministérielle Russie-Afrique, prévue en novembre au Caire, s’appuiera sur les recommandations issues de cette rencontre de Saint-Pétersbourg.