«Discuter sérieusement de sécurité sans la Russie est une utopie», affirme Sergueï Lavrov

Le ministre russe des Affaires étrangères a réitéré l'impossibilité de traiter les questions de sécurité internationale sans Moscou. Il a également dévoilé une initiative russe transmise au président américain Donald Trump visant à relancer les négociations avec l’Ukraine à un niveau supérieur, incluant les aspects politiques du conflit.
Sergueï Lavrov a fermement rejeté ce 20 août les tentatives occidentales d'élaborer des garanties de sécurité en Europe sans la participation active de la Russie. Ces déclarations ont été faites lors d’une conférence de presse conjointe à Moscou avec son homologue jordanien, Ayman Safadi.
« Nous ne pouvons pas accepter que les questions de sécurité, y compris de sécurité collective, soient traitées sans la Russie. Cela ne fonctionnera pas », a-t-il affirmé. Il a insisté : « Discuter sérieusement de sécurité sans la Russie, c’est une utopie et un chemin vers nulle part. »
Le chef de la diplomatie russe a précisé que Moscou ne surestime pas ses intérêts, mais les défendra « fermement et résolument ». Cette réalité est désormais « bien comprise en Occident, et en particulier aux États-Unis ». Il a confirmé que la Russie reste favorable à des garanties collectives de sécurité pour l’Ukraine, à condition qu’elles soient « véritablement fiables », et que des puissances telles que la Chine, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et la Russie y participent ensemble.
Le ministre a rappelé que les bases d’un règlement avaient déjà été posées lors des négociations d’Istanbul en 2022. Ces discussions, initiées par la partie ukrainienne, comprenaient notamment la neutralité de l’Ukraine, le rejet de l’adhésion à l’OTAN et un statut non nucléaire.
Une nouvelle initiative portée par Moscou et soutenue par Trump
Lavrov a annoncé, par ailleurs, une proposition russe présentée au président américain Donald Trump. « Notre président a proposé non seulement de poursuivre les négociations entre la Russie et l’Ukraine, mais aussi d’élever le niveau des chefs de délégation ». Il a expliqué que cette initiative s’inscrit dans une volonté de créer un bloc de discussion spécifique consacré aux aspects politiques du conflit, aux côtés des volets militaire et humanitaire.
Le chef de la diplomatie a ajouté qu’un éventuel sommet Russie–Ukraine–États-Unis doit être très soigneusement préparé afin de ne pas aggraver la situation. Ce qui est essentiel pour la Russie, c’est d’« élever le statut des négociateurs ».
Cette dynamique s’inscrit dans l’approche russe d’un règlement complet, global, mais fondé sur un dialogue sincère avec les principales puissances. Moscou attend encore une réponse claire de Kiev concernant ses propositions, tandis que la Russie réaffirme son ouverture à « travailler dans tous les formats, à condition que ce soit honnête ».
Des critiques contre l’Union européenne
Parallèlement, Lavrov a dénoncé les efforts de l’Union européenne, qu’il qualifie de tentatives « agressives et non éthiques » pour influencer l’approche américaine. Selon lui, les dirigeants européens, accompagnés de Volodymyr Zelensky, n’ont rien proposé de concret lors de leur visite à Washington. « Nous n’avons entendu aucune idée constructive de la part des Européens. »
Le chef de la diplomatie russe s’en est aussi pris aux propos récents de la responsable européenne Kaja Kallas, qui a exclu toute possibilité d’accord avec Moscou. « Ce n’est plus de la diplomatie, c’est la dégradation des méthodes de politique étrangère », a-t-il tranché, en référence à la politique de sanctions répétitives menée par Bruxelles.
Face à ces tentatives, Moscou maintient une ligne claire : pas de paix ni de sécurité sans la Russie, et pas de solution en Ukraine sans un dialogue politique équilibré.