Poutine estime avoir surmonté sa «naïveté» passée à l’égard de l’Occident

Interview du président dans l'émission «Moscou. Kremlin. Poutine» du 17 décembre.
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Interrogé sur la perception qu'il avait des Occidentaux au début de sa présidence, Vladimir Poutine a confié avoir fait preuve de «naïveté» à leur égard. Des illusions qu'il a depuis perdues.

Interview du président dans l'émission «Moscou. Kremlin. Poutine» du 17 décembre.

«J'avais [à mes débuts] la représentation naïve que l'ensemble du monde soi-disant civilisé comprenait ce qui s'était passé avec la Russie, qu'elle était devenue un tout autre pays, qu'il n'y avait plus de confrontation idéologique», a confié le président russe dans un extrait diffusé le 17 décembre dans l'émission Moscou. Kremlin. Poutine.

«Je pensais par naïveté que s'il y avait quelque élément négatif dans la politique russe des pays occidentaux, comme le soutien au séparatisme et au terrorisme que je constatais en tant que directeur du FSB, cela relevait d'une inertie de la pensée et de l'action [de personnes habituées à lutter contre l'URSS]», a-t-il poursuivi. Et l'ex-officier du renseignement de répéter : «Mais c'était une conception naïve de la réalité.» Et ce, bien qu'il ait «travaillé pendant presque 20 ans dans les services de sécurité et de renseignement extérieur de l'Union soviétique». «Et que j'ai ensuite été maire adjoint de Saint-Pétersbourg, directeur du FSB, secrétaire du conseil de sécurité», ajoute-t-il.

Le dirigeant russe a été interviewé le 14 décembre à l’issue de sa «Ligne directe», une conférence de presse de quatre heures durant laquelle il a été interrogé sur les conseils qu'il donnerait rétrospectivement à lui-même en 2000. «Peut-être attention à l’excès de naïveté et de crédulité à l’égard de nos prétendus partenaires [occidentaux]», avait-il répondu d'abord, avant d'ajouter : et «croire à notre grand peuple, gage de la prospérité de la Russie». Le journaliste Pavel Zaroubine a demandé au président de préciser son propos. 

Selon Vladimir Poutine, à la chute de l'Union soviétique, les Occidentaux se sont dits «que dans peu de temps, la Russie aussi, ils la feraient définitivement s'écrouler».

Pour rappel, après la chute de l'URSS en 1991, le pays avait pris, sous Boris Eltsine et sous impulsion américaine, la voie du capitalisme. Mais ces années 90 furent marquées par une terrible récession économique débouchant sur la crise financière de 1998. Le redressement ne s'est amorcé qu'après l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 1999.

Poutine évoque l'objectif occidental de soumettre la Russie

«Il n'y a pour eux aucune nécessité d'avoir un pays grand et relativement très peuplé comme la Russie», a-t-il expliqué, se référant aux théories du politologue américain et l'un des artisans de la Guerre froide Zbigniew Brzeziński (1928-2017). Ses thèses, exposées dans son ouvrage Le Grand échiquier (1997), postulent la nécessité de maîtriser le continent eurasiatique pour maintenir la domination américaine mondiale.

Vladimir Poutine estime qu’en définitive le dessein occidental consistait à couper la Russie en «cinq parties», qu'il s'agissait de «soumettre séparément» afin d'«utiliser leurs ressources, tout en veillant à ce que ces morceaux distincts n'aient aucun poids autonome, aucune voix ni possibilité de défendre leurs intérêts nationaux». Une situation opposée, selon le président russe, à celle qui prévaut dans le cas d'un État russe uni.

Suite à la période de rapprochement avec l'Occident des années 1990, le discours historique de Munich prononcé par Vladimir Poutine en 2007 a marqué un tournant dans la diplomatie russe : il y affirmait que, dans le monde actuel, le modèle d'unipolarité était non seulement «inacceptable» mais aussi «impossible».

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