Peskov : l’accord de défense entre Helsinki et Washington est «évidemment une menace»
Le porte-parole du Kremlin a commenté la signature prochaine d’un accord de défense entre la Finlande et les États-Unis. Celui-ci permettra aux soldats américains d’avoir accès à 15 zones militaires à travers ce pays limitrophe de la Russie.
Moscou a dénoncé l’arrivée prochaine de moyens militaires états-uniens le long de sa frontière avec la Finlande. «Cela entraînera une augmentation des tensions entre la Fédération de Russie et la Finlande», a estimé ce 15 décembre le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
Celui-ci réagissait à l’annonce de la signature à venir d’un accord de coopération en matière de défense (DCA) entre la Finlande et les États-Unis. Une signature prévue le 18 décembre à Washington, selon un communiqué du ministère finlandais des Affaires étrangères publié le 14 décembre. Cet accord bilatéral devra ensuite être approuvé par le Parlement, précise la même source. «À l'avenir, la Finlande ne se défendra pas seule, mais en tant que membre de l'OTAN et aux côtés des États-Unis», assure le ministre finlandais de la Défense Antti Häkkänen, cité dans le document.
«Nous ne pouvons que regretter», a déclaré Dmitri Peskov, «car nous avions d'excellentes relations avec la Finlande et personne n'a menacé qui que ce soit», a poursuivi le porte-parole, cité par l’agence de presse TASS. «Il n'y a eu aucun problème, aucune réclamation les uns contre les autres, personne n'a porté atteinte aux intérêts de chacun, il y avait un respect mutuel», a-t-il ajouté. «Quand la Finlande sera devenue membre de l’OTAN et que l’infrastructure militaire de l’OTAN sera déjà entrée en Finlande», pour la partie russe, « cela constituera évidemment une menace», a-t-il encore déclaré.
Washington multiplie les accords de défense avec les pays scandinaves
Dans le cadre de ce futur accord de défense, selon le journal Helsingin Sanomat, la Finlande accordera aux Américains l'accès à 15 sites sur son territoire où ils pourront stocker des armes et des munitions. «L'accord s'inscrit dans la continuité de l'adhésion de la Finlande à l'OTAN», précise le quotidien finlandais.
Ce dernier avait déjà révélé, au mois de mai, les négociations en cours entre Helsinki et Washington. «L'accord DCA permet aux troupes d'entrer dans le pays, de rester sur le terrain, de stocker du matériel et d’investir dans des infrastructures grâce à des fonds accordés par le Congrès américain au Pentagone», détaillait alors un diplomate finlandais. Cette annonce avait vivement fait réagir la diplomatie russe. «La Russie sera forcée de prendre des mesures de rétorsion, à la fois militaro-techniques et d'autre nature, afin de mettre fin aux menaces à notre sécurité nationale qui surgissent à cet égard», avait mis en garde sa porte-parole, Maria Zakharova.
Les relations entre Helsinki et Moscou, qui partagent plus de 1 300 kilomètres de frontière, se sont dégradées depuis le déclenchement de l’offensive russe en Ukraine. La Finlande a rompu avec sa politique de neutralité et a demandé à rejoindre l’OTAN qu’elle a intégrée en 2023. Un élargissement à ses frontières du bloc militaire piloté par Washington que le Kremlin a qualifié d’«atteinte» à sa sécurité.
Au-delà de la Finlande, les États-Unis ont également signé le 5 décembre un DCA avec la Suède, pays qui s’apprête à rejoindre l’OTAN, donnant l’accès aux États-Unis à 17 sites militaires du royaume. Un accord similaire est en cours de négociations avec le Danemark.