Sous la pression de Trump, Zelensky se dit désormais prêt à envisager une élection présidentielle en Ukraine. Pour Jacques Frantz, cette attitude soudainement conciliante vise moins à restaurer une légitimité contestée qu’à obtenir la présence de forces armées occidentales sur le sol ukrainien.
Lors d’un déplacement en Italie, Vladimir Zelensky a déclaré qu’il était prêt, sous certaines conditions, à consentir à des élections présidentielles.
Décidément, l’homme fort d’une Ukraine faible se promène beaucoup mais, le 9 décembre, celui qui n’est théoriquement plus le président de son pays depuis mai 2024 a ouvert la porte à une régularisation de sa situation et surtout de la situation démocratique du pays.
Cette « ouverture » fait suite à une interview accordée à Politico par Trump, où ce dernier déclarait en substance que l’Ukraine n’était plus une démocratie. Bien tardif le réveil américain. Car depuis 2014 et l’éviction de Viktor Yanoukovitch, pourtant détenteur d’un mandat légitime, celui-là, et ce quoiqu’on pense du personnage et de sa politique, l’observateur sourcilleux de qui peut jouer dans la cour des grands pays démocrates est en droit de se poser des questions. Des questions que M. Trump, pourtant déjà président entre 2017 et 2021, ne s’était pas posées. Il est vrai qu’à l’époque, M. Trump croyait encore qu’il pourrait faire plier la Russie avec des sanctions, pendant qu’en Europe, on jouait la mascarade des accords de Minsk pour permettre à l’Ukraine de s’armer.
Néanmoins, même s’il serait hasardeux de dire que M. Trump a trouvé son chemin de Damas tant l’homme est versatile, force est de constater que des progrès sont là. Et même si ce sont des progrès imposés par les avancées russes sur le terrain, dès lors qu’il s’agit de chances pour la paix, il ne faut surtout pas faire la fine bouche.
Donc Vladimir Poutine n’est plus seul à mettre en question non seulement la légitimité, mais encore (et c’est plus grave) la légalité de Zelensky à la présidence.
Curieusement, lorsque c’est Trump qui aborde la question, Zelensky ne peut se permettre de faire la sourde oreille. Comme on dit, « c’est celui qui paie l’orchestre qui commande la musique ». Car au moment où se profilent des négociations dont on ne connaît ni l’issue ni la durée, et même si l’Ukraine n’y joue qu’un rôle marginal, la signature de Kiev au bas d’un accord de paix la concernant finira bien par être nécessaire. Or que vaudrait la signature d’un chef d’État qui n’a pas mandat d’exercer la fonction ?
Cependant il y a un piège : Zelensky conditionne la tenue d’une élection à des garanties de sécurité. Bien entendu, cette sécurisation des élections ne serait possible qu’avec le concours des alliés du régime de Kiev. Le véritable dessein de Zelensky, c’est d’obtenir coûte que coûte la présence d’alliés armés sur le territoire ukrainien.
Côté européen, on voudrait bien, mais on peut peu. Bref, la réponse de Zelensky à Trump relève davantage de l’effet de bateleur sur une estrade (l’homme a l’habitude des planches) que d’une proposition sérieuse. En outre, elle s’inscrit dans un contexte où le rôle de Zelensky se réduit comme peau de chagrin. L’homme ne semble pas se rendre compte qu’il est en train de lasser. En Italie justement, une partie de l’opinion, conduite par Matteo Salvini, commence à trouver que la plaisanterie consistant à soutenir Kiev à tout prix a assez duré. En conséquence, une élection présidentielle ne serait-elle pas une porte de sortie honorable pour un régime à bout de souffle ? Poser la question, c’est peut-être déjà un peu y répondre.
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