Sanctions : un bateau russe intercepté dans la Manche, l'ambassade réclame des explications
- Avec AFP
La douane a intercepté un bateau de commerce russe, «soupçonné d'être lié à des intérêts visés par les sanctions». Une procédure inédite qui répond aux instructions de Bercy. L'ambassade de Russie a demandé des éclaircissements à Paris.
Un navire de commerce transportant des véhicules vers Saint-Pétersbourg, soupçonné d'appartenir à une entreprise russe visée par les sanctions prises par l'UE contre Moscou, a été dérouté vers Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) ce 26 février, selon la préfecture maritime. L'incident a été confirmé par l'ambassade russe en France.
Un patrouilleur de la douane, appuyé par une vedette de gendarmerie et un patrouilleur de la marine, a escorté le roulier Baltic Leader, parti de Rouen sous pavillon russe, a précisé Véronique Magnin, officier de communication régional pour la préfecture maritime.
Ce bateau de 127 mètres est «fortement soupçonné d'être lié à des intérêts russes visés par les sanctions», a précisé la même source, soulignant que cette mesure, signe de «fermeté», était «rare» dans cette zone. «Le navire de commerce russe a été coopératif», a affirmé Véronique Magnin. La douane mène actuellement des auditions et investigations à bord afin de confirmer ces liens.
L'ambassade de Russie demande des éclaircissements
L'ambassade de Russie à Paris, informée par un appel d'urgence du capitaine, a indiqué avoir «immédiatement contacté les autorités françaises pour demander des éclaircissements», a déclaré le porte-parole de l'ambassade, Alexandre Makagonov, cité par l'agence de presse officielle TASS.
Dans un communiqué, l'ambassade de Russie à Paris a précisé que les autorités françaises avaient voulu vérifier les documents du navire, qui appartient à la société PSB Leasing, qui, selon les autorités, figure sur la liste des entreprises visées par des sanctions financières américaines. L'ambassade a ajouté que l'équipage avait mis pied-à-terre et pouvait se déplacer librement en ville. La représentation de la diplomatie russe en France a par ailleurs fait savoir qu'elle prendrait les mesures nécessaires pour protéger les droits et les intérêts des marins russes.
Le PDG du port Jean-Jacques Puissesseau, a de son côté indiqué n'avoir «jamais vu» une telle opération en 20 ans d'activité.
Le ministre français des Comptes publics Olivier Dussopt «félicite la douane», a indiqué son cabinet, ajoutant que cette procédure était «conforme aux instructions qu'il a données avec [le ministre des Finances] Bruno Le Maire aux services de Bercy pour la mise en œuvre des sanctions».
L'Union européenne a adopté le 24 février un paquet de sanctions contre la Russie en réponse à l'opération militaire russe en Ukraine, peu avant que Londres et Washington ne durcissent les restrictions à leur tour. Vladimir Poutine a annoncé le 24 février une opération militaire en Ukraine, qui vise selon lui à défendre les Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, dont il a reconnu l'indépendance trois jours plus tôt, mais aussi à «démilitariser et dénazifier l’Ukraine».
Cette opération a été dénoncée comme une guerre d'invasion, notamment par les pays occidentaux, dont certains ont déjà annoncé de nouvelles sanctions. Elle a également fait, dans des capitales occidentales mais aussi en Russie, l'objet de manifestations de contestation.