Selon Disclose, la France a livré des armes en sachant qu’elles pourraient être utilisées au Yémen
- Avec AFP
Selon le site Disclose, la France, à l'époque présidée par François Hollande, aurait livré en 2016 des dizaines de milliers d'armes à l'Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis en sachant qu'elles pourraient être employées dans la guerre au Yémen.
Le site Disclose affirme que des armes livrées en 2016 à l'Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis par la France auraient servi dans la guerre au Yémen. Et, selon la même source, la France a autorisé la livraison de ces armes «en sachant qu’elles pourraient être utilisées au Yémen, où les deux pays sont accusés de crimes de guerre».
Le média en ligne d'investigation, citant des «documents "confidentiel-défense"» affirme ce 3 décembre que «dès 2016, l'Etat français a autorisé la livraison de près de 150 000 obus» à ses deux alliés du Golfe.
Les documents, émanant du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), font état de vifs débats lors de cette période entre les équipes du ministre de la Défense d'alors, Jean-Yves Le Drian, et de son collègue des Affaires étrangères Laurent Fabius. Ils ont été tranchés, selon le site, par le président François Hollande.
«Les industriels français demandent l'autorisation d'exporter plusieurs dizaines de milliers d'obus et missiles aux armées saoudienne, émiratie et qatarie. Montant total des contrats : 356,6 millions d'euros», écrit Disclose. «A l'époque, les trois pays font partie de la coalition intervenant au Yémen dans l'opération "Tempête du désert", contre les rebelles houthis», ajoute le média.
Le site affirme que Paris doit à l'époque autoriser la livraison aux forces saoudiennes de 41 500 obus par l'entreprise Junghas, une filiale de Thalès, ainsi que 3 000 obus antichar, 10 000 obus fumigènes, 50 000 obus explosifs et 50 000 fusées d'artillerie produits par Nexter aux Emiratis et 346 missiles antichar de l'entreprise MBDA aux Qatariens.
Le Quai d'Orsay estime alors que ces munitions sont «directement utilisables sur le théâtre d'opération yéménite, notamment par des systèmes d'armes d'origine française», d'après Disclose. Il considère aussi, d'après la même source, qu'elles «font courir "un risque de non-conformité avec nos engagements internationaux"».
La guerre au Yémen a fait près de 377 000 victimes, selon l'ONU
Mais le ministère de la Défense aurait refusé de remettre en question ces contrats, arguant que ces pays représentent «près du tiers» des volumes d'exportations d'armes de la France.
Selon le site d'investigation toujours, «la livraison des bombes est tellement sensible que c'est finalement le chef d'Etat François Hollande qui va trancher le débat». L'ancien président n'a pas répondu encore aux sollicitations de l'AFP sur ce sujet.
Le conflit oppose depuis 2014 les rebelles houthis soutenus par l'Iran aux autorités yéménites, appuyées par une coalition arabe créée en 2015 et dirigée par l'Arabie saoudite.
Selon l'ONU, la guerre aura causé la mort de 377 000 personnes, victimes directes et indirectes, d'ici fin 2021. Des millions de civils ont été déplacés.