Covid-19 : les mesures contre les non-vaccinés se multiplient à travers le monde
Pouvoirs publics et entreprises privées de nombreux pays mettent en place des mesures pénalisant les personnes refusant de se faire vacciner, qu'il s'agisse de sanctions financières ou d'entraves à la liberté de circulation.
A partir du 1er novembre, les salaires des personnes non-vaccinées contre le Covid-19 ne seront plus pris en charge en Allemagne durant les périodes de quarantaine. Il s'agit d'une mesure parmi d'autres mises en œuvre en Europe et dans d'autres régions du monde afin d'inciter les réfractaires à se faire vacciner contre le Covid-19, alors que les campagnes vaccinales marquent un coup d'arrêt dans de nombreux pays. RT vous propose un tour d'horizon non exhaustif de ces mesures.
En France : fin de la gratuité des tests et suspensions de salaires chez les soignants
Comme annoncé par Emmanuel Macron le 12 juillet dernier, la fin de la gratuité systématique des tests de dépistage du Covid-19 est entrée en vigueur le 15 octobre. Les tests PCR et antigéniques ne sont plus «automatiquement pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie», écrit le gouvernement sur son site, rappelant que «150 millions de tests ont été réalisés en France» depuis mars 2020. Les personnes non-vaccinées doivent débourser 5,20 euros pour un autotest et 25 euros pour un test antigénique en pharmacie. En laboratoire, le test antigénique est facturé 22 euros et 44 euros pour un PCR. Les tests restent gratuits pour les Français vaccinés et les mineurs, et les personnes non-vaccinées munies d'une ordonnance médicale auront toujours la possibilité de se faire tester gratuitement.
Par ailleurs, l'obligation vaccinale contre le Covid-19 est entrée en vigueur le 15 septembre pour 2,7 millions de professionnels du secteur de la santé. Parmi ces derniers, ceux qui n'ont toujours pas reçu au moins une dose d'un vaccin contre le Covid-19 ne peuvent plus travailler et risquent une suspension de salaire, même si la justice donne parfois raison aux non-vaccinés dans des cas complexes, comme par exemple lorsqu'ils entrent dans un vide juridique concernant la possibilité de suspendre pour non-vaccination un agent hospitalier en arrêt maladie.
En Europe : quarantaine non prise en charge, interdiction de marché de Noël et menace de confinement
D'autres pays européens ont mis en place l'obligation vaccinale pour certaines professions au contact du public, comme l'Italie depuis le printemps dernier.
Le 28 octobre, le gouvernement hongrois a été plus loin encore en ouvrant la voie à la vaccination obligatoire de tous les salariés, y compris les fonctionnaires. «Les entreprises peuvent désormais exiger la vaccination du personnel», a annoncé lors d'une conférence de presse Gergely Gulyas, chef de cabinet du Premier ministre Viktor Orban. Les réfractaires devront «être placés en congé sans solde et pourront être licenciés au bout d'un an» et le gouvernement, «en tant qu'employeur», va lui-même donner l'exemple, a-t-il précisé, invitant les autorités locales à en faire de même.
En Allemagne, toutes les personnes placées en quarantaine étaient jusqu'à présent indemnisées pour compenser leur perte de revenus. Cependant, à partir du 1er novembre, les salaires des personnes non-vaccinées contre le Covid-19 ne seront plus pris en charge. Plusieurs Länder ont cependant déjà mis en œuvre cette politique alors que, selon un sondage Yougov publié le 20 septembre, 43% des sondés sont favorables à une prise en charge universelle de cette indemnisation. «On dit parfois qu'il s'agirait d'une pression pour les non-vaccinés, mais je pense qu'il faut voir les choses dans l'autre sens, c'est une question d'équité», avait expliqué le ministre fédéral de la Santé Jens Spahn lors d'une conférence de presse en septembre dernier. «Ceux qui se protègent et protègent les autres par la vaccination se posent la question justifiée de savoir pourquoi payer pour quelqu'un qui était en vacances dans une zone à risques et qui, parce qu'il n'est pas vacciné, doit être mis en quarantaine, pourquoi payer pour une telle personne ?», avait-il encore justifié, avant de conclure en ces termes : «Lorsque les gens disent que c'est leur libre décision personnelle – et cela reste leur libre décision personnelle – de se faire vacciner ou non, cette décision doit également s'accompagner de la responsabilité d'en assumer les conséquences financières.»
Toujours outre-Rhin, les autorités berlinoises ont autorisé le 26 octobre les organisateurs des marchés de Noël à introduire des règles strictes pour les personnes souhaitant s'y rendre. Certains de ces marchés – qui rouvriront le 22 novembre – pourraient opter pour un modèle dit «3G» moins strict, qui permet aux personnes non-vaccinées munies d'un test négatif d'y assister. Mais le célèbre marché de Weihnachtszauber à Gendarmenmarkt a confirmé que seules les personnes vaccinées de plus de 12 ans ou celles fournissant un certificat de rémission du Covid-19 seront autorisées à entrer, comme l'indique The Local.
En Autriche, le chancelier Alexander Schallenberg a annoncé le 22 octobre que les personnes non-vaccinées pourraient être soumises à de nouvelles restrictions si le nombre de cas de coronavirus continue à augmenter, comme le détaille Associated Press. «Nous sommes sur le point de tomber dans une pandémie de personnes non-vaccinées», a-t-il justifié, avant d'annoncer que si le nombre de patients atteints du Covid-19 dans les unités de soins intensifs s'élève à 500 (soit 25% de la capacité totale des unités de soins intensifs du pays), l'entrée dans des lieux tels que les restaurants et les hôtels sera limitée aux personnes vaccinées ou guéries de la maladie. Si ce nombre s'élève à 600 (soit un tiers de la capacité totale des unités de soins intensifs), le gouvernement prévoit d'imposer un confinement aux personnes non-vaccinées, qui ne seraient plus autorisées à quitter leur domicile que pour des raisons spécifiques.
En Russie : à Moscou, confinement de quatre mois pour les personnes à risque non-vaccinées
Pour endiguer la propagation rapide du Covid-19, la ville de Moscou a décidé le 19 octobre l’instauration de restrictions sanitaires, les premières depuis l’été dernier. Sur son site, le maire de la capitale Sergueï Sobianine a décrit ces mesures comme suit : «Du 25 octobre au 25 février, les Moscovites de plus de 60 ans et les personnes atteintes de maladies chroniques doivent à nouveau respecter le régime de confinement à domicile [...] Les promenades et l’exercice physique en plein air ne sont pas limités. Les personnes ayant été atteintes du Covid au cours des six mois précédents ou vaccinées sont dispensées du régime de confinement». En d'autres termes, les personnes à risques et celles de plus de 60 ans seront confinées pendant quatre mois.
Par ailleurs, les autorités moscovites ont également décrété la vaccination obligatoire de 80% des employés dans les entreprises de services (contre 60% actuellement) d'ici au 1er janvier 2022. «Je comprends à quel point les restrictions actuelles sont fatigantes et désagréables. Mais il n'y a pas d'autre moyen de vous protéger contre cette maladie grave», a déclaré le maire de cette ville de 12 millions d'habitants.
En Amérique du Nord : controverse autour de la vaccination obligatoire des policiers, prise en charge médicale pénalisée et interdiction de vol vers l'étranger
Aux Etats-Unis, le président Joe Biden a signé le 10 septembre un décret obligeant les fonctionnaires de l'exécutif à se faire vacciner, sans possibilité de recourir à des tests réguliers, sous peine de sanctions disciplinaires. Les salariés de sous-traitants d'agences fédérales, le personnel de maisons de retraite recevant des subventions fédérales et des écoles placées sous le contrôle fédéral sont également concernés, soit un total de 100 millions d'Américains. Plus de 20 Etats ont de leur côté mis en place une forme de «mandat de vaccination» pour leurs travailleurs. Celui imposé par le gouverneur de Washington Jay Inslee est l'un des plus stricts du pays et a déjà coûté leur emploi à près de 1 900 employés de cet Etat. La patrouille de l'Etat de Washington a déclaré le 19 octobre que 127 de ses employés avaient été suspendus. A New York, le maire Bill de Blasio a annoncé le 20 octobre que tous les employés municipaux qui n'auront pas reçu au moins leur première dose de vaccin au 1er novembre verront leur salaire suspendu.
Une décision confirmée le 27 octobre par un juge de Staten Island, qui a rejeté une tentative de dernière minute du plus grand syndicat de police de la police de New York – la Police Benevolent Association – visant à annuler cette obligation vaccinale. Le chef de ce syndicat a vilipendé les «bureaucrates qui font passer la politique avant la santé et la sécurité publiques» et a annoncé que leurs avocats avaient fait appel de ce jugement dès le lendemain, mais il reste peu de temps avant que les sanctions pour non-vaccination commencent à tomber. Le 26 octobre, un peu plus de 73% des effectifs de la police de la ville de New York – qui comprend près de 35 000 agents en uniforme et un peu moins de 18 000 employés civils – étaient vaccinés, et des centaines d'autres se sont depuis lors fait vacciner, selon le New York Post.
Le gouverneur de Floride Ron DeSantis a déclaré le 24 octobre sur Fox News vouloir signer une loi offrant une prime d'installation dans son Etat de 5 000 dollars aux policiers ayant perdu leur emploi pour ne pas s'être soumis à l'obligation de vaccination contre le Covid-19. L'élu républicain a par ailleurs convoqué le 22 octobre une session législative spéciale pour adopter un projet de loi protégeant les résidents de Floride contre la perte de leur emploi en raison de l'obligation vaccinale.
D'autres Etats républicains comme l'Indiana, l'Arizona et l'Alaska ont également appelé les agents ayant été forcés de quitter leur emploi à les rejoindre. Le syndicat de la police de Chicago a par exemple estimé que plus de 3 000 agents municipaux risquaient de perdre leur emploi en raison de leur refus de se faire vacciner. Le shérif du comté de Los Angeles, Alex Villanueva, a déclaré plus tôt ce mois-ci qu'il n'appliquerait pas de mandat de vaccination à ses employés, car il perdrait jusqu'à 10% d'une main-d'œuvre déjà mise à rude épreuve par les coupes budgétaires.
En plus de ces mesures concernant les fonctionnaires, de nombreux grands employeurs – dont Google, Facebook, United Airlines et Tyson Foods – ont également imposé la vaccination contre le Covid-19 à leurs salariés. La compagnie aérienne United Airlines a annoncé le 28 septembre qu'elle allait procéder au licenciement de 593 employés en raison du fait qu'ils ne sont pas vaccinés. Le 21 octobre, après plusieurs jours de controverses, la compagnie aérienne américaine Southwest Airlines a en revanche renoncé à des sanctions pour ses salariés non-vaccinés. Northwell Health, le plus grand prestataire de soins de santé de l'État de New York, a licencié 1 400 travailleurs qui avaient refusé de se faire vacciner avant la date limite de septembre, selon Forbes. Cette pénalisation des non-vaccinés n'épargne pas les stars : Kyrie Irving, joueur de basket professionnel des New York Nets, n'est pas autorisé à s'entraîner ou à jouer avec son équipe en raison de son statut vaccinal.
Les «incitations» à la vaccination peuvent prendre d'autres formes : comme l'indique CNBC, la compagnie aérienne Delta Air Lines a annoncé en août qu'elle augmenterait les primes d'assurance de 200 dollars par mois pour les employés qui ne seraient pas vaccinés après le 1er novembre. Plus grave, un groupe de santé du Colorado a retiré les personnes non-vaccinées des listes de transplantation d'organes pour cause de non-conformité, comme l'indique le New York Times relayé par l'Association of American Medical Colleges.
Chez le voisin canadien, le gouvernement a annoncé le 6 octobre qu'aucun individu de plus de 12 ans – canadien ou non – ne pourra quitter le pays par voie aérienne s'il n'a pas réalisé un schéma vaccinal complet contre le Covid-19, et ce à partir du 30 octobre. La mesure concerne également les passagers de certaines compagnies ferroviaires et ceux effectuant un trajet en bateau de plus de 24 heures.
Reste à savoir si ces mesures auront un réel effet incitatif sur la minorité d'individus qui refusent toujours de se faire vacciner, ou si elles ne feront que renforcer leur rejet, quel qu'en soit le motif.